Interview
du mois

ËDA DIAZ

Nenita 2 - Misael Belt

L’INTERVIEW PREMIER ALBUM : Festival Les Primeurs de Massy samedi 2 novembre 2024.

Rencontre avec l’artiste ËDA DIAZ en novembre dernier au Festival les Primeurs de Massy. Un moment privilégié où elle nous a présenté Suave Bruta, un premier album intime et coloré.

ËDA DIAZ : Bonjour ËDA. C’est la première fois qu’on se rencontre. En quelques mots peux-tu te présenter ?

AAS : On me présente souvent comme une chanteuse et contrebassiste, mais aussi compositrice et autrice. Franco-colombienne c’est une part importante de mon identité. Si on rentre dans les détails, du côté de mon père, ma famille vient de Colombie, plus précisément de Medellín. Et du côté de ma mère, c’est la Bretagne avec ses galettes et la baie de Saint-Brieuc.

AAS : On dit souvent que le premier album est un CV artistique. Qu’est-ce que cet album dit de toi ?

ËDA DIAZ : Un premier album c’est toujours quelque chose de fort. Pour moi, il regroupe plein de petits morceaux éparpillés de ma personnalité. C’est comme un puzzle qui rassemble toutes ces pièces pour former un tout cohérent et harmonieux. J’avais l’impression d’être fragmentée et cet album m’a permis de reconnecter ces fragments. C’est aussi une manière de créer un pont entre mes deux pays, la France et la Colombie.

AAS : Qu’est-ce qui rend cet album unique pour toi ?

ËDA DIAZ : J’ai l’impression qu’un album capture toujours un moment particulier de notre vie. Celui-ci est unique car il reflète des questions que je me posais à un moment précis dans ma vie, en l’occurrence qui je suis. J’ai trouvé une réponse dans l’acceptation de toutes mes facettes : être à la fois introvertie et extravertie, colombienne et française, être attirée par l’acoustique et l’électro. Cet album traduit cette dualité  et montre qu’on peut être intime tout en ayant envie de danser. C’est cette exploration qui le rend unique pour moi, même si d’autres albums viendront avec d’autres réponses.

AAS : Y a-t-il une histoire ou une anecdote derrière la pochette de cet album que tu aimerais partager avec nous ?

ËDA DIAZ : La pochette a été réalisée par Gaëlle Correa, qui est franco-colombienne comme moi. Son père est aussi de Medellin et on s’est un peu rencontrées sur ce point commun, un soir particulier. C’était le soir des attentats en 2015. On assistait à un concert et on a fini par passer la nuit confinées chez un musicien à attendre que tout cela passe. Un an plus tard, je l’ai recontactée pour travailler sur mon EP. On a découvert que nous avions le même arrière-arrière-grand-père en Colombie. Un cousin éloigné qui faisait un arbre généalogique s’est abonné sur Facebook et, en discutant, on a compris qu’on partageait les mêmes racines. J’avais toujours dit que Gaëlle était comme une âme sœur avant même de savoir qu’on était de la même famille. C’est fou de découvrir des connexions aussi profondes avec des gens de l’autre bout de l’Atlantique.

©Gaëlle Correa

AAS : En tant qu’artiste, quel message espères-tu laisser avec cet album, au-delà de la musique ?

ËDA DIAZ : Je crois que cet album porte un message sur l’identité et l’acceptation. Quand on prend soin de toutes les parts de soi, même celles qu’on pense chaotiques, on peut y trouver de la beauté. Et c’est un peu pareil avec les autres : en leur apportant un peu de douceur, en essayant de les comprendre, on peut créer quelque chose d’harmonieux.

AAS : Tu es en tournée. Que ressens-tu en voyant le public s’approprier les titres de l’album ?

ËDA DIAZ : Je joue dans des contextes très variés : festivals de jazz, festivals de musiques actuelles ou des évènements « world », même si je n’aime pas ce terme. Les publics sont très différents : parfois attentifs et assis ou bien, comme en Angleterre par exemple, où c’est complètement la teuf même sur une balade. Ce qui me touche particulièrement, ce sont les retours après les concerts. Mes textes étant plutôt poétiques, chaque personne les interprète à sa manière, selon son vécu. Parfois les retours m’aident à comprendre des choses que je n’avais pas perçues en écrivant. C’est très beau et enrichissant.

AAS : Même si tu les aimes tous, y-a-t-il un morceau que tu préfères jouer en ce moment ?

ËDA DIAZ : Ça dépend des jours, mais en ce moment, j’aime particulièrement Dulce de mar. Malheureusement, je n’ai pas souvent l’occasion de le jouer en festival à cause des sets plus courts. Ce morceau me recentre sur l’essentiel : ma voix et ma contrebasse. Il crée aussi un lien spécial avec le public, car j’invite souvent les gens à chanter avec moi, ce qui n’est pas naturel pour moi, mais qui se fait très spontanément. J’ai commencé la musique en chorale, et terminer un concert dans cette communion a quelque chose de précieux, presque recueilli. C’est rare, mais c’est un moment que j’aime beaucoup partager.

AAS : Si tu devais résumer l’esprit de cet album en trois mots ?

ËDA DIAZ : Intime, coloré, hybride.

©Sábana y Banano – Roxane Cassehgari

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