L’INTERVIEW PREMIER ALBUM : Festival Les Primeurs de Massy vendredi 1er novembre 2024.
En novembre dernier, nous retrouvions Malvina aux Primeurs de Massy, où elle marquait les esprits avec Mercedes, un premier album audacieux où se croisent pop, électro, punk rock, métal et hyperpop. Entourée sur scène de Simon Lacouture à la batterie et Joachim Baudemer au violon, Malvina captive par des performances intenses, mêlant énergie brute, sincérité et sensualité. Une signature musicale unique qui la distingue sur la scène française.”
AAS : On dit souvent que le premier album est un CV artistique. Qu’est-ce que cet album dit de toi ?
MALVINA : Cet album est très multiple. On y retrouve de nombreux styles : de la pop, de l’électro, de la techno, du punk et même des ballades. J’ai l’impression d’y avoir mélangé tous mes guilty pleasures musicaux. Et ça me ressemble, parce que dans la vie, j’aime explorer et expérimenter. On m’a déjà vue collaborer avec des orchestres, accompagner des artistes punks sur scène… Je touche à beaucoup de choses et cet album reflète ces multiples facettes de ma personnalité.
AAS : Qu’est-ce qui rend cet album unique pour toi ?
MALVINA : Il représente une période très particulière de ma vie, où j’étais en pleine exploration, notamment BDSM et où je tirais un trait sur une partie importante de mon passé. C’était une période intense et charnière, deux années d’euphorie qui ont marqué la transition entre l’ancienne et la nouvelle « moi ». L’album s’appelle Mercedes, qui est mon deuxième prénom et il incarne cette nouvelle identité, cette renaissance.
AAS : Y a-t-il une histoire ou une anecdote derrière la pochette de cet album que tu aimerais partager ?
MALVINA : La pochette est très personnelle. On y voit le mouchoir de mon arrière-arrière-grand-mère. C’est symbolique car je devais m’appeler Malvina Mercedes à la naissance, mais mon père a changé mon prénom alors que ma mère était encore à la clinique. Récupérer le prénom Mercedes a été un acte féministe pour moi. J’ai fait les démarches pour l’ajouter officiellement et désormais je m’appelle Malvina Mercedes Meinier. Pour la pochette, Antoine Carlier a décidé de masquer mon visage avec un collage opaque. Ça m’a plu pour deux raisons. D’abord, en tant que domina, il y a cette règle où les soumis ne peuvent pas nous regarder dans les yeux sans permission. Ensuite, cela symbolise une coupure avec mon passé, un peu comme si je disais : « Voilà, vous ne pouvez plus me voir ».
AAS : En tant qu’artiste, quel message espères-tu laisser derrière cet album, au-delà de la musique elle-même ?
MALVINA : Je veux contribuer à libérer la sexualité, en particulier celle des femmes. J’aimerais que les femmes puissent assumer leur sexualité sans être jugées ou traitées de manière péjorative. Il faudrait qu’on puisse parler de sexualité librement et sainement. Que les femmes puissent avoir autant de partenaires qu’elles le souhaitent sans êtres traitées de salopes.
AAS : Tu es en tournée. Que ressens-tu en voyant le public s’approprier les titres de l’album ?
MALVINA : Au début, personne ne connaissait mes chansons. Mais aujourd’hui, sur des titres comme Brat ou Forever, le public hurle les paroles. C’est très émouvant. Je repense à ces moments où j’écrivais dans ma chambre et maintenant des centaines de personnes chantent avec moi. Cela me touche profondément. J’aime l’idée que cet album ne m’appartienne plus complètement, qu’il appartienne aussi à ceux qui l’écoutent.
AAS : Quand tu écoutes l’album aujourd’hui, est-ce que tu te dis « satisfaction totale ou envie de tout refaire » ?
MALVINA : Je suis très fière de cet album. Mais si je le réécoute aujourd’hui, je me reconnais moins dedans. J’ai entamé une nouvelle phase de ma vie, plus simple, plus douce, qui me fait beaucoup de bien. Cet album me rappelle une version de moi-même que j’ai transcendée et je suis fière du chemin parcouru. J’espère vivre encore plein d’autres phases comme celle-ci, chacune marquée par un album qui lui correspond.
AAS : Quel est le titre que tu préfères jouer en live ?
MALVINA : J’adore jouer Feelings. Pendant ce morceau, je repère souvent un homme au premier rang, quelqu’un avec qui je sens que je peux créer une connexion. Je me mets à quatre pattes devant lui, et je fais un petit show en le regardant dans les yeux. C’est mon moment préféré du concert. Les réactions sont toujours différentes : certains sont intimidés, d’autres ne me lâchent pas du regard. C’est trop bien, c’est mon moment plaisir du concert.
AAS : Si tu devais résumer l’esprit de cet album en trois mots ?
MALVINA : Fun, rage et décomplexé.