BURNING DU 20 AU 21 SEPTEMBRE 2025 (PARIS)
Bien plus qu’un festival Burning est un manifeste artistique et féministe.
En quatre éditions, Burning s’est imposé comme un rendez-vous féministe et pluridisciplinaire, où l’art devient un levier de transformation sociale. Les 20 et 21 septembre à La Bellevilloise , Burning revient avec deux jours de concerts, performances, expositions et rencontres pour donner de la visibilité aux artistes femmes et minorité·es de genre, et réinventer ensemble de nouveaux imaginaires.
À la tête de l’organisation, Éloïse Gauthier (promotion MEWEM 2025) guide le collectif avec une vision artistique et militante. A la veille de cette 4ème édition, nous l’avons rencontrée pour revenir sur le sens et les ambitions du festival.

AAS : Bonjour Eloïse, ce projet s’inscrit dans la lignée des premières féministes. Pourquoi ce symbole reste-t-il important pour vous aujourd’hui ?
ÉLOÏSE : Bonjour. Avec Burning, tout un champ lexical s’est construit autour du feu et des premières féministes, souvent qualifiées de sorcières à cause de leurs idées, de leur volonté de changer les choses, de leurs prises de parole. Beaucoup ont été brûlées pour cela. Nous sommes parties de cette image forte. Le feu évoque à la fois la création, l’énergie intérieure, la puissance. Nous mélangeons toutes ces dimensions. Nous voulions avant tout mettre en avant une image symbolique très puissante pour Burning.
AAS : Burning est bien plus qu’un festival, c’est un manifeste collectif. Si tu devais résumer en une phrase ce que vous défendez aujourd’hui ?
ÉLOÏSE : Burning est un collectif engagé pour l’art, pour les femmes et pour les personnes minorisées de genre. Nous voulons donner de la visibilité aux artistes, offrir de la représentativité et rappeler au grand public l’importance de ces enjeux dans le milieu artistique.

AAS : Le festival s’appelait auparavant Burning Womxn. Aujourd’hui, il est devenu Burning. Pourquoi ce changement ? Qu’est-ce que cela dit de vos choix, de l’époque, de ta vision ?
ÉLOÏSE : On s’est beaucoup interrogées sur ce premier nom. L’idée du Womxn était d’inclure les personnes minorisées de genre. Or, certains mouvements féministes utilisent cette écriture et n’incluent pas les personnes trans : pour nous, cela posait un vrai problème. Puis, dans la pratique, les gens disaient naturellement : « Tu vas à Burning ? », « C’est super Burning ! » Le mot s’est imposé de lui-même. Il y avait aussi un souci d’inclusivité (pour les personnes dyslexiques par exemple), et on s’est rendue compte que l’écriture était compliquée, et difficile à lire. Enfin, la comparaison avec Burning Man revenait sans cesse, alors que notre projet n’a rien à voir. Nous avons donc décidé de simplifier : Burning, tout court.
AAS : Sur vos visuels, deux couleurs dominent chaque année. Cette fois-ci, le rose et le noir. Que racontent ces choix chromatiques ?
ÉLOÏSE : La direction artistique est assurée par Marion Decorse, qui travaille de manière très intuitive. Lors de la première édition, le jaune et le noir s’étaient imposés naturellement, en lien avec le feu et la programmation. Cette année, le rose et le noir s’inspirent des univers underground et queer. Nous aimons avoir une identité graphique marquée, radicale, qui envoie un signal fort. Chaque année, nous repartons d’une page blanche et changeons radicalement d’univers visuel, en cohérence avec notre programmation. Car Burning assume une esthétique musicale et artistique très tranchée : on passe de la pop électro au rap, d’une performance queer à une expo. Cette radicalité guide aussi notre identité visuelle.

AAS : Justement, tu emploies le mot radical. Comment garder une radicalité politique tout en rassemblant ? Aujourd’hui, vous êtes un collectif suivi, soutenu, attendu. Qu’est-ce que cela change dans votre façon de créer l’événement ?
ÉLOÏSE : Le mot radicalité est très présent dans le militantisme et les luttes féministes. Pour nous, il signifie assumer pleinement ce que nous portons, sans nous excuser ni nous justifier. C’est cette force d’affirmation qui nous permet de faire avancer les choses. Mais il y a une autre dimension essentielle : nous voulons rester dans un environnement aussi safe et bienveillant que possible, et surtout ouvert au grand public. L’idée n’est pas de s’enfermer, mais d’emmener les gens avec nous, de rendre accessibles des propositions qui parfois peuvent sembler éloignées.
Donc oui, nous sommes radicales dans nos choix, dans nos propos, mais toujours avec cette volonté d’ouverture et de partage. C’est cette combinaison qui fait l’identité de Burning.

AAS : Cette année, vous proposez une belle programmation qui réunit concerts, expositions, tatouages, performances, ateliers… Comment l’avez-vous pensée ? Qu’est-ce qui est important pour vous dans cette édition 2025 ?
ÉLOÏSE : Ce qui est essentiel pour nous, c’est de montrer que toutes les formes d’art ont la même valeur. C’est le sens de la pluridisciplinarité : ne pas hiérarchiser les pratiques, mais mettre en lumière chacune d’elles. Le travail d’une artiste brodeuse mérite autant d’attention qu’un concert sur scène, une performance de parole ou une peinture. Chaque expression artistique est nécessaire, et c’est une valeur fondatrice de Burning. Pour cette édition 2025, nous avons voulu à la fois renouveler les propositions et garder certains repères. Chaque année, certains formats reviennent, mais nous introduisons aussi de nouvelles formes. Certaines disciplines comme le théâtre ou la lecture à voix haute, présentes lors de la premiere édition, n’ont pas été reprogrammées depuis. Cette année, c’est le stand-up qui fait son retour, et nous développons aussi davantage les conférences. Sur ce volet, nous sommes soutenues par la DILCRAH , ce qui nous permet de mettre en avant des thématiques fortes : racisme, inégalités, discriminations, transphobie… Nous avons choisi d’accentuer nos prises de parole autour des questions trans. Le talk avec Jeanne Friot et Claude-Emmanuelle en est un bon exemple : il s’agit de montrer comment des artistes allié·es, venus de la mode ou d’autres disciplines, peuvent se mobiliser et contribuer à faire évoluer la société.
AAS : Est-ce que tu sens qu’il y a un “avant” et un “après “Burning pour certain.es artistes ? As-tu eu des retours de personnes pour qui ça a vraiment changé les choses ?
ÉLOÏSE : L’exemple le plus flagrant, c’est celui de Toallita, une jeune rappeuse de Brest que nous avions programmée dès la première édition. Après Burning, elle a eu de belles opportunités, notamment des premières parties à la Carène, et elle a pu tisser des liens avec d’autres artistes qui l’ont aidée à avancer dans son parcours. Il y a donc eu des répercussions très concrètes liées à sa participation. Nous avons aussi accueilli plusieurs artistes en exposition qui, par la suite, ont reçu des prix ou obtenu une reconnaissance plus large. Concernant le stand-up ou le théâtre, nous voyons bien que Burning commence à être identifié comme un véritable défricheur de talents. De plus en plus de festivals, de lieux ou de galeries s’inspirent de notre programmation pour aller chercher de nouvelles artistes émergent·es. C’est une preuve que notre travail a un impact direct.

AAS : Pourquoi, selon toi, faut-il absolument venir à Burning cette année ? Pas seulement pour soutenir, mais pour ressentir, vivre, partager ?
ÉLOÏSE : Je pense que Burning est un événement qui peut plaire à tout le monde. Il y a des moments en journée, en soirée, en club : chacun peut y trouver sa place et passer un très bon moment. C’est l’occasion de découvrir, d’en prendre plein les yeux et les oreilles, de s’immerger dans une bulle et d’en ressortir avec des idées, des énergies nouvelles, des envies de se mobiliser. C’est aussi un espace pour se faire du bien, tout simplement. Certain·es festivalier·es nous ont même décrit Burning comme un “week-end de câlin géant”, ce qui traduit bien l’esprit de l’événement. Il y a aussi cette idée d’exclusivité : voir des artistes qui ne sont pas encore sur le devant de la scène, les découvrir presque avant tout le monde. Enfin, nous restons convaincues que Burning est un événement nécessaire, qui apporte quelque chose de précieux à chacun·e.
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