Interview
du mois

CHÉRI

Rencontrée à Rennes en novembre dernier à l’occasion de sa première partie d’Olivia Ruiz, Chéri est une artiste techno-pop franco-espagnole que nous suivons depuis les prémices de son projet. Avec des influences allant de Charli XCX à FKA Twigs, en passant par Queen et Mylène Farmer, Chéri puise dans la variété française, l’opéra, le rap et l’électro pour créer un univers singulier. Engagé·e dans la communauté queer et passionné·e de mode, elle imagine chaque apparition comme un moment unique d’art et d’expression, faisant de sa musique la bande-son d’une liberté retrouvée.

AAS : Pour celles et ceux qui vont te découvrir à travers cette interview, si tu devais te présenter et parler un peu de ton parcours, qui est CHÉRI ?

CHÉRI : Je suis une artiste qui fait de la pop électro et de la techno, en explorant différents styles. J’ai grandi en écoutant du flamenco, de l’opéra, des comédies musicales, mais aussi beaucoup de rap, de pop et d’électro. J’essaie d’intégrer toutes ces influences dans ma musique. J’ai commencé très jeune dans des comédies musicales comme Émilie Jolie et Le Soldat Rose. Mais à 17 ans, j’ai dû tout arrêter à cause d’une infection des cordes vocales. Plusieurs phoniatres m’ont dit que mes cordes étaient trop fragiles et que je devais renoncer à chanter. Ça a été un choc, car je travaillais déjà depuis cinq ans dans ce milieu et je construisais ma carrière depuis mes débuts. J’ai donc décidé de me tourner vers le théâtre et je suis montée à Paris. J’y ai joué pendant cinq ans, mais j’avais l’impression de me mentir. J’aimais la scène, mais ma vraie passion, c’est la musique. Contre l’avis des médecins, j’ai décidé de reprendre. Un autre phoniatre m’a dit : “Fais ce que tu veux. Dans la pop, il y a même des artistes qui ne savent pas chanter, alors toi, qui sais chanter, lance-toi !” J’ai suivi une rééducation avec un orthophoniste pour réparer mes cordes vocales et j’ai relancé mon projet musical. En un an, tout est allé très vite une fois ma musique sortie. Et voilà où j’en suis aujourd’hui !

AAS : Tu as déjà sorti deux EPs, POUR TE TOUCHER en 2022 et CHERIPOP en 2023. Un album est prévu pour 2025. J’ai l’impression que tu t’es longtemps cherchée artistiquement, non ?

CHÉRI : Oui, c’est le fruit d’une longue recherche artistique. Il y a eu beaucoup de temps passé en studio pour réussir à assembler toutes mes influences en un style cohérent. Ça a été un vrai défi, mais aujourd’hui, je pense avoir trouvé ma voie. L’album à venir va encore mieux retranscrire cette identité musicale. Avec CHÉRIPOP, j’ai vraiment atteint un palier. C’est un projet dont je suis très fière, car on a réussi à trouver une sonorité qui me ressemble. Et ce n’est que le début, la suite sera encore plus intense !

AAS : Deux EPs, mais aussi beaucoup de collaborations. Tu es loin d’être seule dans cette aventure ! Comment se déroulent toutes ces rencontres avec des artistes comme Johanna, Kalika, Yseult, Chilla et bien d’autres ?

CHÉRI : Pour moi, l’art c’est avant tout du partage. Rencontrer d’autres artistes dans une industrie que je ne connaissais pas au départ m’a énormément apporté. En studio, j’ai appris en les observant et en échangeant avec elles. Au début, je pensais qu’il existait une méthode pour tout, mais en travaillant avec ces artistes, j’ai compris que chacun a sa propre approche. Ça m’a totalement libérée ! Ce sont des personnes incroyablement inspirantes, avec des styles très affirmés et novateurs en France. On partage toutes l’envie de monter ensemble et de créer une scène musicale qui n’existe pas encore vraiment ici.

©Ilan Brakha
©Nicholas Hadrian Hartley

AAS : Il y a quelques jours, tu étais sur la scène de l’Olympia en première partie d’Olivia Ruiz. C’était un rêve d’enfant, non ?

CHÉRI : Oui, c’était fou ! J’ai retrouvé une coupure de presse d’un journal du Sud où je disais, à 13 ans, après avoir gagné un concours de chant : “Mon rêve, c’est l’Olympia et je ferai tout pour y arriver.” Se rendre compte qu’on réalise ses rêves d’enfant, c’est incroyable. Quand j’ai vu les lettres de l’Olympia, j’étais avec mes parents, qui me soutiennent depuis le début. On était très émus, d’autant plus après ces cinq années où je ne pouvais pas chanter et pensais que ma carrière était terminée. Finalement, j’ai atteint l’Olympia. C’était un moment extraordinaire.

AAS : Olivia Ruiz est une artiste dont les origines espagnoles résonnent avec les tiennes. Qu’est-ce qui vous rassemble ?

CHÉRI : Ce qui nous lie, c’est notre culture commune, celle de l’Espagne. Nos grands-parents ont fui le régime franquiste et on essaie toutes les deux, à travers notre art, de réparer cette histoire en chantant dans leur langue. Olivia est une artiste avec une carrière incroyable. Elle est très inspirante et bienveillante. Elle m’a énormément soutenue dans cette industrie, surtout quand les moments étaient difficiles. Grâce à elle, j’ai compris qu’il y a aussi des gens formidables prêts à nous aider. Elle incarne tout cela, c’est une personne extraordinaire.

AAS : Tu as annoncé un premier album pour 2025. À quoi peut-on s’attendre ?

CHÉRI : Cet album est très expérimental et a été créé sur une longue période. Certaines chansons datent de deux ou trois ans et on continue encore de les peaufiner. C’est le projet le plus abouti de ma vie. Il y aura des morceaux très club, mais aussi des chansons très intimes, dont certaines rendent hommage à mes grands-parents avec des influences flamenco. Je les chante déjà sur scène depuis trois ans. Cet album, c’est un véritable objet de fierté.

AAS : Si tu devais nous recommander un ou deux artistes à suivre ?

CHÉRI : Suivez Lalla Rami ! C’est une rappeuse incroyable qui m’a bluffée récemment. Et AnNie.Adaa, c’est ma dernière claque musicale.

Merci à @stef, Marie et Mélanie pour leur soutien précieux.

Partager

error: Ce contenu est protégé