L’INTERVIEW PREMIER ALBUM : Festival Les Primeurs de Massy samedi 2 novembre 2024.
Rencontre avec Cindy Pooch, artiste à la voix suave et envoûtante, lors de la présentation de son premier album IN NOMINE CORPUS aux Primeurs de Massy. L’occasion de découvrir l’essence de son travail et les inspirations qui nourrissent cet album d’une rare sensibilité, où la poésie et la musique se rencontrent avec une profondeur unique.
AAS : On dit souvent que le premier album est un CV artistique. Qu’est-ce que cet album dit de toi ?
CINDY POOCH : Ce premier album, c’est le tout début d’une recherche, une porte ouverte sur ma cartographie émotionnelle. Il raconte mes doutes et questionnements au moment où j’ai composé ces morceaux, sans penser à en faire un album. À l’époque, j’avais simplement besoin de créer des “médicaments” et des soins pour moi-même, de sortir ce qui m’habitait. Ce n’est que plus tard que j’ai décidé d’en faire un album. Pour moi, ce n’est pas un aboutissement, mais plutôt des premiers pas, des premières informations sur ce que je veux explorer. C’est une première assurance qui me permet aujourd’hui de me lancer plus sereinement dans mes recherches artistiques, spirituelles et émotionnelles.
AAS : Et qu’est-ce qui rend cet album unique pour toi ?
CINDY POOCH : Il est unique parce que c’est mon premier album (rires) ! Il m’a permis de comprendre que j’avais l’espace pour créer, même si je suis autodidacte et que je n’avais pas la maîtrise parfaite d’un instrument. Pendant longtemps, je pensais que je ne pouvais pas être compositrice. Cet album m’a prouvé que je pouvais fabriquer, créer et surtout me lier aux autres. Il m’a aussi montré que ce que j’ai à dire et à vibrer peut résonner avec d’autres émotions et démarches. Aujourd’hui, je suis habitée par l’idée de rejoindre quelque chose et cet album m’indique une voie pour le faire.
AAS : Y a-t-il une histoire ou une anecdote derrière la pochette de cet album que tu aimerais partager ?
CINDY POOCH : La pochette a été réalisée par Anne-Laure Etienne, une photographe dont j’adore la sensibilité. Nous l’avons conçue en automne, en Ardèche, dans un froid glacial. Cette journée n’était pas seulement une séance photo, c’était un vrai moment de partage et de challenge. On avait des couvertures de survie, un élément symbolique dont nous avions discuté avant. À un moment, pendant qu’Anne-Laure récupérait quelque chose dans sa voiture, j’ai mis une couverture sur ma tête et je m’amusais toute seule. Elle est revenue, a pris une photo et c’est devenu la pochette de l’album. Cette image nous tient vraiment à cœur, car elle capture l’essence de cette journée si spéciale.
AAS : Tu es en tournée. Que ressens-tu en voyant le public s’approprier les titres de l’album ?
CINDY POOCH : C’est très particulier, surtout parce que j’ai écrit cet album dans un élan très introspectif. À aucun moment, je n’ai pensé à comment les gens allaient le recevoir. Aujourd’hui, jouer ces morceaux en live est une expérience complètement différente. Cela transforme l’introspection en partage et chaque concert devient un moment unique, co-construit avec l’énergie du public. Les morceaux continuent d’évoluer, notamment avec le renouvellement de l’équipe live. Je réalise à quel point ils sont vivants, en mouvement. Mon album trouve sa “famille” à travers ces rencontres.
AAS : Même si tu les aimes tous, y a-t-il un morceau que tu préfères jouer en ce moment ?
CINDY POOCH : Je n’ai pas de titre préféré à jouer en live. Ça dépend vraiment des concerts. Je me souviens d’un concert où on a ouvert avec Issemou : j’ai terminé le morceau hyper émue, en pleurs, alors que ça ne m’était jamais arrivé sur scène. En fait, c’est mon état émotionnel qui détermine quel morceau me fait le plus vibrer à un moment donné.
AAS : Quand tu écoutes l’album aujourd’hui, est-ce que tu te dis “satisfaction totale ou envie de tout refaire” ?
CINDY POOCH : Quand j’écoute cet album, je ne ressens ni une satisfaction totale ni le besoin de tout changer. Je ne modifierais rien, car il est le témoin d’un moment précis, d’une recherche en cours. C’est comme regarder une photo de soi à 15 ans avec des vêtements qu’on ne porterait plus aujourd’hui. Cet album m’émeut parce que c’est mon premier geste artistique, une sorte de “bébé”. Mais maintenant, j’ai envie d’un geste de création plus assumé, plus cohérent avec mes luttes, ma spiritualité et mes émotions. Cet album, je l’aime avec tendresse, comme on aime quelqu’un de sa famille.
AAS : Si tu devais résumer l’esprit de cet album en trois mots ?
CINDY POOCH : Soin, parce qu’il y avait une intention très claire de prendre soin de moi à travers cet album. Intime, car il part et parle de l’intime. Libre, parce que c’est vraiment ce que j’ai cherché à exprimer : la liberté de créer à partir d’un endroit qui m’appartient totalement.