L’INTERVIEW PREMIER ALBUM : Festival Les Primeurs de Massy jeudi 31 octobre 2024.
Nous avons eu la chance de retrouver Claude au Primeurs de Massy, artiste que nous suivons depuis ses débuts. Avec In Extremis, son premier album, il s’impose comme une figure montante de la scène émergente, mêlant électronique, acid et pop. Une rencontre autour de ce premier album, pour mieux comprendre son univers et son approche artistique.
AAS : On dit souvent que le premier album est un CV artistique. Qu’est-ce que cet album dit de toi ?
CLAUDE : Pour moi, c’est plutôt l’inverse d’un CV, parce que c’est une sorte d’agrégation de mes défauts. J’ai choisi de me dévoiler à travers ce qui me dérange chez moi, en abordant des tabous personnels. En quelque sorte, cet album est une manière de me “défoncer la tronche”, si on peut dire, en mettant en lumière mes imperfections. Cela dit, sur l’ensemble de l’album, on pourrait aussi le voir comme un CV, puisqu’il reflète ce que je propose et ce que j’apporte musicalement. Je dirais que c’est un mélange de musique électronique, de chansons réalistes, souvent teintées de pessimisme et d’influences ambiantes, techno, acid, et pop. C’est ça, mon CV musical.
AAS : Qu’est-ce qui rend cet album unique pour toi ?
CLAUDE : Il est unique de plusieurs façons. D’abord, parce qu’il parle de moi. Bien sûr, je ne prétends pas être différent des autres, mais c’est une présentation très personnelle. Ensuite, je pense que nous avons réussi à sortir des formats pop classiques, tant dans la construction des chansons que dans l’organisation de l’album. J’espère aussi qu’il se distingue par ses textes. J’ai voulu éviter le “déjà entendu” et proposer quelque chose qui me ressemble vraiment.
AAS : Y a-t-il une histoire ou une anecdote derrière la pochette de cet album que tu aimerais partager ?
CLAUDE : Je voulais une pochette qui rappelle une ambiance proche de celle de l’artiste Mac Miller, notamment pour son album Watching Movies with the Sound Off sorti en 2013. Cet album a beaucoup compté pour moi à l’adolescence. Sur cette pochette, Mac Miller est assis, complètement nu, dans une salle rouge avec une chaise en bois, un vase, une plante et un objet qui pend au plafond. J’aimais cette esthétique presque anxiogène, cette sensation d’attente et de mystère. J’ai voulu recréer une atmosphère similaire : une pièce dont on ne comprend pas bien le contexte. Où est-ce que ça se passe ? Quelle époque ? Ça pourrait être les années 80, 2000, 2010, ou même 2050. Il y a quelque chose d’intemporel, de froid et en même temps d’attentiste. Et pour répondre à une question qu’on me pose souvent : non, ce n’est pas un quai de métro, de train ou de bus. C’est simplement une salle d’attente.
AAS : Tu es en tournée. Que ressens-tu en voyant le public s’approprier les titres de l’album ?
CLAUDE : Le live n’était pas du tout mon terrain de prédilection avant cet album. Je n’étais pas très à l’aise avec ça. Mais en montant sur scène avec des musiciens, j’ai découvert le plaisir de défendre ma musique. Et surtout, voir les gens chanter mes paroles, c’est incroyable. C’est une sensation unique : faire un concert sous son propre nom, avec des gens qui sont là pour toi et qui connaissent tes paroles. Enlever mes écouteurs pendant un live et entendre les spectateurs chanter mes morceaux mot pour mot, c’est à la fois bizarre et profondément touchant.
AAS : Quand tu écoutes l’album aujourd’hui, est-ce que tu te dis « satisfaction totale » ou «envie de tout refaire » ?
CLAUDE : Une satisfaction quasi totale. Bien sûr, il y a toujours des choses qu’on aimerait modifier ou améliorer. Mais avec cet album, j’ai réussi à prendre du recul, à l’écouter comme un auditeur extérieur grâce à la collaboration d’autres personnes. Cela dit, ce n’est jamais une satisfaction à 100 %. Il y a toujours des choses sur lesquelles on peut s’améliorer, c’est d’ailleurs pour ça qu’on continue de faire de la musique. Je dirais que cet album atteint les 90 % de satisfaction.
AAS : Quel est le titre que tu préfères jouer en live ?
CLAUDE : Actuellement, c’est Soustraction. C’est le morceau qu’on joue juste avant le rappel et c’est un vrai moment de “pétage de câble”. Il a un aspect presque théâtral qui invite à interagir avec le public. J’adore cette chanson parce qu’elle crée un lien physique avec les spectateurs. Ils ressentent vraiment la musique à travers l’énergie qu’on met sur scène. En live, ce morceau électronique prend une autre dimension : on y consacre entre 7 et 8 minutes, ce qui le rend unique dans ce format.
AAS : Si tu devais résumer l’esprit de cet album en trois mots ?
CLAUDE : Tension, acide, mais plus dans l’atmosphère que dans la musique. Et texte, parce que je me suis vraiment donné à fond dessus (rires).