Nous avions repéré Clément Visage lors de sa sélection aux Inouïs du Printemps de Bourges en avril dernier. C’est à Rennes, au festival Bars en Trans, que nous avons eu l’occasion de le rencontrer et de découvrir son univers singulier.
AAS : Pour celles et ceux qui te découvrent, peux-tu te présenter ?
CLÉMENT VISAGE : Je m’appelle Clément Grethen, c’est mon nom civil et je suis d’origine lorraine. J’habite actuellement à Strasbourg. Je suis auteur, compositeur, interprète, un peu performeur et arrangeur. Je fais de la musique depuis quasiment 15 ans en groupe, en collectif et maintenant en solo sous le nom de Clément Visage.
AAS : Ton pseudonyme Clément Visage semble raconter quelque chose. Pourquoi ce choix et qu’évoque-t-il pour toi ?
CLÉMENT VISAGE : J’ai longtemps hésité à garder mon prénom, à me produire sous mon vrai nom. Ma musique avait une petite part de mystère et des aspects contemplatifs que je voulais mettre en avant. Je cherchais un nom en français, simple mais un peu énigmatique. “Visage” me plaisait beaucoup. Ce choix a aussi été influencé par une période où je regardais énormément l’émission RuPaul’s Drag Race. Une des jurés, Michelle Visage, m’a marqué. Ça a fait tilt : son nom résonnait avec ce que je voulais exprimer. Mon nom est donc un mélange de mystère en français et d’un clin d’œil à Michelle.
AAS : Des restes, c’est le nom de ton premier EP sorti en 2023. Sur la pochette, on y voit ton visage légèrement flouté. Pourquoi ce choix esthétique ? Qu’as-tu voulu transmettre à travers cette photo ?
CLÉMENT VISAGE : Il y avait encore beaucoup de flou autour de ma personne et c’était symbolique. C’était la première fois que je me lançais avec des chansons où je parle de moi et de choses personnelles. Ce flou reflète ce que je raconte dans l’EP : une brume qu’on essaie de dissiper pour accéder à l’essence de ce qu’on est. Ce flou était inconscient au départ, mais il correspondait bien au message. Peut-être que pour le prochain disque, ce flou se dissipera un peu.
AAS : Ta musique est portée par des textures sonores très travaillées. Comment construis-tu ces ambiances singulières ?
CLÉMENT VISAGE : Je ne sais pas exactement comment cela vient. J’ai exploré des styles plus psychédéliques en groupe, où l’accent était mis sur les sons plutôt que sur les chansons elles-mêmes. Cela m’a marqué. Quand j’ai commencé à composer en solo, j’ai utilisé ces outils pour créer des ambiances. Je pose d’abord un univers sonore et cela me sert de base pour raconter une histoire ou explorer quelque chose.
AAS : Si tu devais décrire l’EP Des restes en une seule phrase ou une seule image. Que choisirais tu ?
CLÉMENT VISAGE : Le flou, c’est une belle image.
AAS : Avec ta musique, on a l’impression d’entrer dans une rêverie. Est-ce intentionnel ? Quel rôle jouent les émotions dans tes compostions ?
CLÉMENT VISAGE : Oui c’est intentionnel. Cet univers est une sorte de refuge pour accéder à des choses qu’on ne ressent pas forcément dans la vie quotidienne. Mes musiques sont un espace pour se rencontrer, aller à l’intérieur de soi et vivre des émotions. Cela me rassure, tout en permettant d’exprimer quelque chose d’intangible. Même avec le stress de la scène, j’arrive à créer une connexion avec moi-même, une sorte de « safe space » à travers les sons.
AAS : Alors, j’ai vu que tu étais programmé avec Malik Djoudi. La première fois que j’ai écouté ton projet tu m’as tout de suite fait penser à Malik. Comment est née cette affinité artistique ?
CLÉMENT VISAGE : J’ai découvert Malik Djoudi à l’époque de ses premiers EPs en solo qui étaient assez électro. Peut-être qu’il y a un lien dans la sensibilité, avec nos voix douces et haut perchées. Concernant la programmation en première partie, ce n’est pas le hasard. Je suis les artistes que j’aime bien et je demande à jouer avec eux, comme avec Zaho de Sagazan l’année dernière. C’est toujours un plaisir de partager la scène, même si je ne connais pas Malik personnellement.
AAS : Des projets à venir Clément ?
CLÉMENT VISAGE : Oui, l’écriture du deuxième disque est déjà bien avancée. Ce sera un EP qui changera un peu d’atmosphère. Je vais garder une base électronique avec des chansons en français, mais ce sera un peu plus brut. On va dissiper un peu le flou pour se montrer davantage. cela sortira, en principe, l’année prochaine, avec des concerts en débuts d’année.
Merci à @stef, Marie et Mélanie pour leur soutien précieux.