Ren
AAS : Tu es une artiste que nous connaissons bien pour te suivre depuis quelques années déjà. C’est notre première rencontre. Peux-tu te présenter pour les personnes qui te découvrent ?
FRIEDA : Je m’appelle Frieda. Je fais de la pop qui a plein d’influences gospel électro hip-hop et je parle de ce qui se passe derrière les gens souriants et brillants qui réussissent tout sur le papier mais dont la réalité intérieure est différente (rires). Je fais de la musique pour tous ces gens-là.
AAS : Tu as commencé ton set avec le titre FREEDOM. Dans ce titre, tu dis « non » pour finalement dire « oui ». Qu’est-ce que cela a changé pour toi ?
FRIEDA : Parfois, il est beaucoup plus facile de savoir ce que l’on ne veut pas que ce que l’on veut. Le cerveau est programmé pour identifier les dangers et le négatif. En tant que femme, dire « non » à toutes ces injonctions que j’ai aussi intériorisées, c’est libérateur. Freedom c’est une liste de « non . Mais au final, il y a un grand « oui » à la vie en général.
AAS : Tu navigues entre la pop, le gospel, la trap et d’autres styles. Est-ce une manière de révéler les multiples facettes de ta personnalité ?
FRIEDA : Je pense que je suis l’exemple même de quelqu’un qui a emprunté à diverses cultures. C’est un mélange naturel, comme si j’étais une éponge. J’ai écouté de la musique toute ma vie. Mon père était un grand mélomane. Il n’y a pas eu de calcul, j’ai juste laissé ce qui se passait dans ma tête ressortir. Parfois, il y a des mélodies latines sur des beats électroniques, c’est un peu un mélange sans forcément l’avoir cherché.
AAS : Ton projet est un appel à dire la vérité. Quelle est la vérité la plus difficile que tu aies dû affronter en musique, en tant qu’artiste ?
FRIEDA : Se lancer en musique, c’est s’exposer de manière très personnelle. On a toujours peur du jugement, du regard des autres. En faisant de la musique, je me découvre, j’explore des parts d’ombre de ma propre personnalité. C’est un peu comme une relation amoureuse, ça nous révèle à nous-mêmes. C’est un vrai exercice de vie.
AAS : Ton premier EP DERRIERE LE SOLEIL est prévu pour mars 2025. Si tu devais associer une image ou une couleur à ce titre, que choisirais-tu et pourquoi ?
FRIEDA : Je vais un peu tricher, mais je parlerais d’une planète, Clarion, qui était censée se trouver derrière le soleil. On peut aussi penser à celle du masque social, qu’on porte même parfois avec soi-même, malgré tout ce qu’on a intériorisé. C’est l’image de ce masque ou de cette planète cachée derrière le soleil que je mettrais derrière ce titre.
AAS : Tu t’adresses aux « bon.ne.s élèves » et aux « people pleasers ». Penses-tu que ces personnes osent écouter ce genre de message ?
FRIEDA : Quand on est un “people pleaser”, on pense qu’on doit se conformer pour être aimé. C’est triste et très isolant parce qu’on a l’impression que personne ne nous connaît vraiment. À force de faire semblant, on finit parfois par ne plus se connaître soi-même. Moi, j’ai eu la chance de me sentir moins seule en entendant des gens parler de ce que je vivais. Je ne donne pas de solutions, mais peut-être que ça peut rassurer certains qui se sentent seuls dans leur parcours.
AAS : Si la petite Frieda écoutait ta musique aujourd’hui, que penserait-elle de toi ?
FRIEDA : Je pense qu’elle serait fière. Aujourd’hui, je chante des choses dont j’ai eu honte autrefois, des choses brutes, loin de la perfection. Elle serait fière de voir que je dis tout cela à travers ma musique, sur scène, en affirmant que c’est moi et que vous me prenez ou vous me laissez. Elle serait contente, rassurée, fière.
AAS : Quel moment de création te procure le plus de liberté : l’écriture, la composition ou la scène ?
FRIEDA : La scène, sans hésiter. L’écriture me permet de poser beaucoup de choses, mais sur scène, il y a quelque chose de magique. Le mouvement, la rencontre avec le public, tout cela rend la musique tangible. Sur scène, je me libère de tout.
AAS : Quel message voudrais-tu faire passer en 2025 pour les artistes qui se lancent dans la musique ?
FRIEDA : Je pense qu’il est urgent de se réhumaniser. Aujourd’hui, la pression des réseaux sociaux et des chiffres est énorme. Il faut réussir rapidement, faire toujours plus. Si on se laisse submerger par cette pression, on se fixe des standards irréalistes et on oublie qu’on a le droit à l’erreur, à la pause. Les artistes risquent de se perdre dans cette course. Il est primordial de se rappeler pourquoi on crée, d’exprimer ce besoin profond d’expression. En ce moment, il y a un besoin urgent de personnes qui s’expriment et ouvrent des voies.
AAS : Si tu devais recommander un ou deux artistes à suivre ?
FRIEDA : Il y en a tellement, mais je vais citer trois artistes qui me tiennent à cœur. D’abord, GILDAA, une performeuse incroyable qui est à honneur de la nouvelle création des Transmusicales. C’est une amie, elle m’inspire énormément. Elle jongle entre la comédie, la musique et la clownerie. Elle aborde des sujets très importants, comme la santé mentale, et ouvre des espaces de réflexion. Je citerais aussi KALUPTO, une artiste dont la voix est sublime, une véritable pépite. Enfin, JULIETTE MAGNEVASOA, une artiste à suivre absolument. Elle chante en guitare-voix dans plusieurs langues, Elle reprend du Bourvil comme du Stromae et sa voix est juste incroyable.
Merci à @stef, Marie et Mélanie pour leur soutien précieux.