Entre rap, pop et électro le groupe Glauque, originaire de Namur en Belgique, fait sensation avec son premier album Les gens passent, le temps reste. Rencontre avec le groupe jeudi 19 octobre à l’Ubu (Rennes)
AAS : Bonjour Lucas, peux-tu présenter Glauque pour les personnes qui ne connaissent pas encore ?
GLAUQUE : Nous nous appelons Glauque, nous sommes un groupe de quatre personnes, trois musiciens et un chanteur. Glauque est un projet qui a commencé en 2017. Nous venons de sortir notre premier album Les gens passent, le temps reste.
AAS : Comment vous êtes-vous rencontrés et comment le projet est-il né ?
GLAUQUE : Avec Louis le chanteur, nous sommes frères donc la rencontre est évidente. Pour les musiciens, nous nous connaissons depuis le conservatoire, avec nos études. Le groupe s’est formé, car un jour, mon frère m’a demandé si ça m’intéressait de faire de la musique avec lui. A ce moment-là, je finissais un master et ça ne m’arrangeait pas, mais je venais de rencontrer Aadriejan qui voulait faire des prods pour des rappeurs. Ils ont donc commencé à deux. Avec Baptiste, le quatrième membre du groupe, nous habitions ensemble et nous les avons rejoints pour leur premier concert. Ça a commencé avec la scène avec le live, puis nous sommes arrivés dans le groupe.
AAS : D’où vient le nom Glauque ?
GLAUQUE : Il y a une petite histoire. Avec les premières dates de concerts, nous avions besoin d’un nom. C’est toujours compliqué pour un groupe de trouver un nom qui sonne bien, mais surtout qui se retient et qui est reconnaissable. Quelques mois avant cette recherche, Baptiste m’avait offert un livre sur les couleurs, une de mes passions. Et c’est dans ce livre que j’ai appris que pendant des dizaines d’années en littérature, avant d’avoir la définition que l’on lui attribue aujourd’hui, glauque était une couleur. L’ambivalence de cet adjectif nous a plu aussi dans ce que l’on pouvait retranscrire dans la musique et dans les nuances que l’on pouvait montrer. Nous savions que ça allait être connoté négativement et donc que de prime abord ça allait être retenu. Ça mêlait différents avantages et ça nous a permis de développer le début du projet et de présenter quelque chose visuellement.
AAS : Dans une récente interview, votre projet a été qualifié de rap lettré. Comment vous est venu ce mélange d’influences entre rap et électro ?
GLAUQUE : A l’origine, nous sommes deux à avoir étudié le piano classique et nous avons tous fait des groupes de rock à l’adolescence, loin de notre projet actuel. Mon frère écoutait quasiment que du rap français et nous presque pas, mais le rap est resté. Quand nous avons commencé le projet, nous étions en pleine explosion de la trap. Musicalement, ce n’était pas quelque chose qui nous
attirait. Mais la musique électronique est arrivée avec des influences communes que nous avions entre musiciens. Cette musique nous a donné envie d’y développer des compétences et d’expérimenter ensemble.
AAS : Ce premier album parle beaucoup de deuils et de mélancolie. Comment ce thème est-il venu ?
GLAUQUE : Nous avons énormément composé pendant le premier confinement. Le choix de parler de ce sujet ne s’est pas fait consciemment. Personne n’était endeuillé ou déprimé lors de l’écriture des morceaux. Certains morceaux sont sortis du lot et très vite nous avons su qu’il s’agirait de pierres angulaires pour l’album. Nous nous sommes rendus compte qu’une thématique s’en dégageait, et
l’album s’est construit autour de certains morceaux que nous voulions absolument. Par exemple, très tôt dans le processus de création de l’album, nous avons su que Deuil serait le dernier morceau de du projet. Quand nous parlons de deuil, nous ne faisons pas exclusivement référence à sa définition liée à la mort. Nous nous sommes intéressés à sa signification temporelle, au principe de cycles. Dans
l’album, nous parlons des petites morts : grandir, changer d’âge, changer d’école, perdre un proche ou bien terminer une relation. C’est quelque chose d’universel et l’idée du temps qui passe nous paraissait très intéressante à travailler et explorer.
AAS : Quels sont vos projets pour la suite ?
GLAUQUE : Pour le moment, nous sommes surtout sur l’album qui vient de sortir. Il faut savoir que ça fait longtemps que la musique est terminée. Nous avons énormément travaillé dessus et nous sommes dans la tournée. Nous allons surtout le défendre avec les nombreuses dates qui arrivent. Nous ne nous projetons pas encore plus loin, car l’album est né et c’était dans un premier temps le seul objectif. Nous verrons plus tard pour la suite.
AAS : 1 ou 2 artistes à suivre ?
GLAUQUE : Dernièrement, j’ai beaucoup aimé Nathan Gabriel. Il vient aussi de Belgique et j’ai trouvé ses derniers morceaux très beaux. Dans un autre style, j’ai découvert récemment Quinn Oulton, un artiste avec un background jazz qui fait de très chouettes morceaux.
Merci à Yann Gourvellec et Stéphanie Gouezel / Team Artisteasuivre