MINUIT MACHINE

©Manon Dupeyrat

MINUIT MACHINE-QUEENDOM

Depuis 2013, Minuit Machine, duo darkwave formé par Hélène de Thoury et Amandine Stioui, a marqué marque la scène électronique française avec ses sonorités post-punk / EBM envoûtantes et insoumises. Cette année, Amandine reprend les rênes en solo et nous révèle un tout nouveau rouage de la machine.

Après les singles Hold Me, Cent Fois et Party People, premiers éclats d’une ère plus intime et audacieuse, nous l’avons vue à l’œuvre en première partie de KOMPROMAT à Toulouse, avant de la rencontrer plus récemment lors d’une interview. Le 21 mars, elle nous ouvrait enfin les portes de son royaume intérieur avec QUEENDOM.

Un album profondément personnel, où Amandine chante pour la première fois en français sur certains morceaux. Queendom explore de nouvelles textures musicales, plus pop et lumineuses par instants, fruits d’une évolution affranchie des carcans traditionnels de la techno portée par sa collaboration avec le producteur RAUMM. Si elle ose des directions inattendues, la machine reste bien fidèle à son ADN : des synthés froids, du dark-disco et des beats techno tranchants, influences 80’s et 90’s au rendez-vous. Et surtout, une esthétique glaciale, douloureuse et viscérale, qui honore nos noirceurs les plus profondes.

@Manon Dupeyrat

C’est dans ces ténèbres, dans les bas-fonds, les clubs underground et les raves parties que Queendom puise sa force. Amandine y exorcise ses peurs, ses errances, ses addictions, ses angoisses. Cette plongée introspective prend des accents witch house aux côtés de Rebeka Warrior dans Mes souvenirs, mais aussi électro-clash sur I Don’t Give A Damn et post-punk sur Shifting. Minuit Machine n’a pas peur de se réinventer sur chaque morceau et de plonger dans ses propres abysses. Elle nous invite à nous abandonner à la nuit et à célébrer nos chutes — mais cette fois, sans les laisser nous définir.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit : Queendom, c’est l’”anatomie d’une vie déviante”, un autoportrait brut et sans concessions. Amandine ne lisse pas ses contradictions. Au contraire, elle les expose et les sublime. Chaque cicatrice devient un trait de lumière. Ce tableau, c’est son bébé. Si elle peut nous le livrer avec autant de vulnérabilité, c’est parce qu’elle connaît désormais sa propre force. Elle sait que son royaume ne sera pas ébranlé à notre contact. Au contraire, à travers lui, elle nous tend le miroir de nos propres royaumes.

©Manon Dupeyrat

Et plus encore : Minuit Machine nous appelle, beat après beat, note après note à y ajouter de la couleur. Car Queendom n’est pas un empire solitaire, loin de là. C’est une safe place où chacun.e peut être pleinement soi-même, où l’on célèbre la beauté du collectif sans jamais effacer l’individu.

Cette bienveillance, Amandine la puise autant en elle qu’autour d’elle. Queendom, est aussi un hommage vibrant à la communauté queer : un refuge, un cri d’amour, et un acte de résistance pour toutes ces âmes aujourd’hui menacées plus que jamais, mais qui ne sont pas prêtes à se taire.

Ce nouvel album constitue ainsi un vrai tournant. Minuit Machine réussit le pari : recomposer la Machine en solo, sans trahir l’essence du duo. En nous livrant l’entièreté de son Queendom, sans artifices, Amandine nous fait entrer dans un monde où l’on brille dans les cendres de la nuit, empli.es de résilience.

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