MYRA- Passions Calins
Cela faisait un petit moment que l’artiste Myra était dans notre viseur. Lauréate du FAIR 2023 session 2, Myra est de retour avec un nouvel EP Passion câlins sorti le 26 avril dernier. Un projet chaleureux et sensuel qui laisse place à de nombreuses collaborations avec Rad Cartier, Au pinard, Gromo, Nemir, Chilla, Drea Dury …Passion Câlins un véritable hommage à l’amour et toutes ces choses qui s’articulent autour et à travers le quotidien.
Rencontre avec Myra au QG de Wagram le 15 mai 2024.
AAS : Bonjour Myra, c’est la première fois que l’on se rencontre, tu peux te présenter pour Artisteasuivre ?
MYRA : Salut, moi c’est Myra, j’ai 26 ans. J’ai grandi en région parisienne et je suis une artiste pluridisciplinaire. J’ai commencé par l’acting à 12 ans. Ensuite, j’ai fait un bac mode et j’ai enchaîné avec plein de petits boulots. En parallèle, j’ai tourné pour la télé, le cinéma, la pub et j’ai aussi fait du théâtre et des longs métrages. Je suis aussi passionnée de musique, d’images et d’écriture, je touche donc un peu à tout.
AAS : Tu as un parcours dans la musique, mais tu es aussi actrice. Comment passes-tu de l’un à l’autre ?
MYRA : J’ai eu de la chance car la musique c’est un truc de famille chez nous. À 18 ans, je suis arrivée dans la série « Plus belle la vie » et la même année je suis arrivée en studio. Tout s’est fait naturellement. J’ai gagné beaucoup d’argent pour mon âge avec la série. Je mettais tout dans les clips, la promo. J’ai continué à faire les deux pendant 5 ans. Pour moi, c’était très satisfaisant car je n’étais jamais frustrée de rien. J’allais à Marseille, je faisais mes tournages, je rentrais à Paris, j’allais en studio. Je me suis mise à faire ma direction de production sans m’en rendre compte. Ce que l’on voulait surtout c’était faire comme les rappeurs : monter nos propres structures, nos propres labels. C’est ce qui nous a amené à monter la Smart Kid Corporation, ma boîte de prod. On a aussi une boîte de publishing, Smart Kid Publishing. Nous avons signé une licence avec Labréa chez Wagram. Le projet musical Myra musical me permet de m’exprimer dans la réalisation, dans l’image, dans les clips. L’un nourrit l’autre. Je continue aussi à faire un peu de télé comme dans la série « HPI » où j’ai un petit rôle. Mais en ce moment, je priorise mon projet musical. Je crois que l’on peut tout faire dans la vie.
AAS : Pourquoi cette envie d’être indépendante si tôt ?
MYRA : Je voulais garder la main sur ma musique et sur mes projets. Ça me plaisait énormément de monter une boîte de prod et de faire tout ça, mais j’ai surtout été très bien entourée.
AAS : Tu as été diagnostiquée très jeune surdouée. Quand on t’écoute, on a l’impression que tu as déjà une très longue carrière, tu gères ! Est-ce un atout ou un handicap ?
MYRA : Oui, j’ai été diagnostiquée très précoce, surdouée, la totale. C’est vrai que ça peut être un atout dans la vie, car je sais que je vais vite, mais d’un autre côté ça peut aussi être compliqué. J’ai quelques années de plus dans ma tête que dans mon corps. Toute ma vie, j’ai fait des choses qui n’étaient pas de mon âge, j’ai toujours été avec des gens plus âgés. Ça peut être très déstabilisant, parce quand tu es jeune tu veux faire des choses qui ne sont pas de ton âge, se construire ainsi par moment peut être un peu étrange parce que la majorité ne te comprend pas. Aujourd’hui, j’en ai fait une force, mais vivre avec ça peut être difficile.
AAS : Ton EP PASSION CALINS est sorti. Peux-tu nous en dire plus sur ce titre ?
MYRA : Ce projet c’est une idée de très longue date. Lorsque j’étais en développement, je me disais que ce serait trop chouette de faire une vraie tape de copains, un projet collectif. Quelques années plus tard quand je suis arrivée chez Labrea, j’ai remis cette idée sur la table. On voulait rencontrer des artistes que l’on ne connaissait pas. J’ai longtemps été dans toute seule en studio, et en tant que femme dans cette industrie, on est souvent bien planqué dans notre coin. Il nous fallait un fil rouge, un sujet commun pour commencer et surtout pour ne pas partir dans tous les sens. Parler de sentiments je pense que c’est vraiment la base de l’humanité. Passion Câlins m’est venu comme ça, je trouvais que ça sonnait bien.
AAS : Ton feat Trop mimi avec Chilla est accompagné d’un clip plutôt drôle. Comment s’est passée la réalisation ?
MYRA : J’ai eu l’idée du clip dans le métro. Mon but n’était pas de tirer sur les hommes, mais pointer du doigt les relations hétéros normées, clichées et qui ne font de bien à personne. J’adore le second degré, et je pense que c’est important de décomplexer la musique et surtout dans l’industrie en France, car je trouve qu’on manque d’humour dans ce domaine. On a co-realisé ce clip avec Bryan Trésor (La Sève) qui est aussi comédien, et qui était avec moi sur « Plus belle la vie ». Nous venons d’une école de la télé, on a l’habitude d’être sur des gros plateaux, d’abattre beaucoup de travail. On a aussi bossé avec le coiffeur de la Comédie Française Vincenzo Ferrante qui nous a fait les perruques, les fausses barbes, les pattes. Il fallait que ce soit beau et de qualité pour ne pas tomber dans le farce et attrape.
AAS : L’univers visuel occupe une place importante dans ton projet. J’ai remarqué que tu aimais bien le orange ? N’est-ce pas ?
MYRA : En fait, quand je suis arrivée chez Wagram j’ai eu la chance de rencontrer Catherine Cuny, mon éditrice, qui m’a beaucoup remise en question sur cet aspect. En 2020, quand j’ai signé, j’ai passé un an à travailler la couleur musicale pour trouver l’identité. Je sais ce que j’aime et ce que je n’aime pas. Mais comprendre pourquoi on aime les choses, ce qui nous définit personnellement j’y arrive progressivement, au fil des projets. Je crois que toute la vie on cherche. Chez moi, c’est aussi en lien avec la musique que je fais, il y a quelque chose de thérapeutique. Il faut que ça passe par la nature, le soleil, par des éléments naturels. Le orange est une couleur qui me fait beaucoup de bien, et qui me ramène à ma passion pour les seventies. Ça me donne cet équilibre entre le passé, le futur.
AAS : Ton projet peut paraître léger au premier abord mais tout est millimétré, précis, et très bien étudié.
MYRA : Merci beaucoup. Pour te parler plus précisément de Passion câlins il est vrai que le truc du frigo nous suivait depuis le début. L’idée c’était de parler du quotidien, de ces choses qui nous touchent tous. Le frigo c’est la cuisine, c’est l’intimité, c’est aussi le partage. Ce qui me plaisait dans cette cover c’était d’évoquer le câlin du dimanche. Le but c’était de faire danser les gens. Aborder le sujet du sexe c’était aussi important, de le décomplexer et d’en faire de l’humour. On n’est pas obligés de faire de la musique que pour dénoncer, faire des choses légères c’est tout aussi primordial, et pas forcément évident.
AAS: Ton EP tu vas le jouer en live à la Boule noire, puis à la Maroquinerie le 11 septembre. Tu connais un peu le profil de ton public ?
MYRA : Ma première année de tour, les gens ne venaient jamais pour moi. En Suisse, au Prémices festival, j’ai eu un accueil auquel je ne m’attendais pas du tout. Mais c’est surtout quand j’ai fait La boum en septembre au Badaboum à Paris que je me suis rendue compte que mon public était au rendez-vous. Il y a de tous les âges , enfants, ados, mamans et même les mamies ! Un public plutôt éclectique.
AAS : Un ou deux artiste à suivre ?
MYRA : Ruthee, elle ramène au goût du jour ce qu’on adorait dans les années 2000. Deyz c’est un super gars de Marseille, c’est la jeune génération. Il avait fait ma première partie au Popup du label.