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BAR LA PISTE Rennes (35) , BRETAGNE

À Rennes, la Fête de la Musique a toujours une résonance particulière. Ville de concerts et de découvertes, elle se transforme chaque 21 juin en vaste scène à ciel ouvert, où l’on croise autant de curieux que de passionnés. Cette année, parmi les nombreuses propositions du centre-ville, une soirée a retenu notre attention : celle du bar de La Piste, qui s’impose discrètement mais sûrement comme l’un des repères incontournables de la Fête de la Musique à Rennes.

Dans ce bar restaurant chaleureux du Mail, la programmation est à chaque fois un petit bijou de repérage. C’est là que Gwendoline ou Roszalie ont fait partie de l’affiche… avant d’exploser sur les plus grandes scènes françaises. Autant dire que les noms programmés ici ne sont jamais choisis au hasard.

Derrière cette cohérence artistique, il y a Julien Menet, programmateur attentif et passionné, dont les choix résonnent fort avec la ligne éditoriale d’Artiste à Suivre. Pour comprendre ce qui se trame dans cette soirée, on l’a rencontré.

Rencontre avec Julien Menet, le flair d’un programmateur qui aime l’émergence.

©Julien Menet

AAS : Bonjour Julien, tu travailles au bar-restaurant La Piste, un lieu bien connu des Rennais. Quel est ton rôle, et comment t’impliques-tu dans la Fête de la Musique ?

JULIEN : Je suis chargé de communication pour La Piste, mais aussi pour trois autres bars rennais : Le Hibou, le Saint-Germain et La Cavale. Toute l’année, j’organise des soirées dans ces lieux, mais la Fête de la Musique reste mon grand rendez-vous. C’est vraiment sur cette soirée du 21 juin que je concentre le plus d’attention.

AAS : Certains artistes passés par ta scène explosent ensuite. Comment tu les repères, et comment construis-tu ta programmation ?

JULIEN : J’écoute beaucoup de musique émergente, c’est ce qui me plaît naturellement. Je repère des groupes tout au long de l’année et je les garde en tête pour le 21 juin. J’ai aussi vécu à Londres pendant un an, où j’ai découvert pas mal de choses dans les petits bars et les petites salles. Depuis, je reste attentif à ce qui se programme ici ou ailleurs. Je suis aussi les premières sélections des Inouïs du Printemps de Bourges : je prends le temps d’écouter la centaine d’artistes proposés et je note ceux qui qui m’ont interpellés. Comme je n’ai que quelques artistes à programmer, chaque choix est très réfléchi. Je ne contacte jamais deux groupes à la fois. J’attends une réponse avant d’en solliciter un autre, pour garder une vraie cohérence dans l’affiche. C’est parfois un peu risqué, car ça me bloque si j’attends trop longtemps, mais je préfère avancer comme ça. Tout se construit étape par étape, en fonction des réponses.

AAS : C’est important pour toi de soutenir des artistes émergents. Pourquoi ce choix ?

JULIEN : L’émergence, c’est ce qui me parle le plus, donc c’est assez intuitif pour moi d’aller dans cette direction . Il y a quelque chose d’assez excitant à chercher des groupes qui sont pas encore connus. Et puis, d’un point de vue financier, on ne pourrait pas programmer des têtes d’affiche plus renommées. L’année suivante, d’ailleurs , la plupart ne sont déjà plus accessibles.

©PeekProduction

AAS : Selon toi, qu’est-ce qui fait que la fete de la musique à la Piste ne ressemble pas aux autres ?

JULIEN : Le 21 juin à la Piste, on est plus sur l’ambiance d’un festival d’été. On n’est pas trop loin du centre-ville, et les gens qui viennent ici le font par envie, pas par hasard. On prévoit une carte spéciale pour la soirée, il y aura de la street food, une buvette, et aussi notre grande terrasse extérieure ombragée. C’est un spot agréable, où on peut boire, manger, se détendre et découvrir les concerts dans de bonnes conditions.

AAS : Et cette année, samedi 21 juin, qu’est-ce que l’on peut attendre de cette nouvelle édition ?

JULIEN : MANSION’S CELLAR (Rock psyché-Douarnenez) , ce sont un peu les locaux de l’étape : certains membres viennent de Rennes, d’autres de Douarnenez. C’est une bande de potes avec un son très hypnotique, avec plein de guitares sur scène. Ils ont de belles influences et je pense que ça va vraiment envoyer dès l’ouverture de la soirée.

STAR CITY (Post punk-Londres) : Ils viennent de Londres. Je les ai découverts, justement, dans l’un des spots que je fréquentais quand je vivais là-bas : le Windmill, surnommé The Dog and the Roof, en clin d’œil à la mascotte du lieu : un chien perché sur le toit, qui observe les concerts du haut de sa terrasse. C’est un endroit assez cool où se produit la grosse scène émergente post-punk londonienne. Je suis très attentif à ce qui se passe là-bas. Ce lieu est réputé pour sa programmation pointue et sa scène montante.

LIV DEL ESTAL (Hyperpop-Paris) : C’est un peu la surprise de la soirée. Elle est déjà venue à Rennes récemment pour Bars en Trans, mais c’est une artiste en mouvement permanent. D’un mois à l’autre, elle propose quelque chose de nouveau. Ça reste une découverte. J’ai hâte de voir ce qu’elle va proposer cette fois-ci.

MARTA (Techno live-Paris) : Je pense que ça va plaire à beaucoup de monde. C’est le genre de projet qui peut fédérer, même des gens qui n’écoutent pas forcément de musique électronique. Il y a de belles montées, des moments plus planants. C’est très prenant. J’aime beaucoup. Ce sont des artistes que je n’ai pas encore vus en live. Ce sera une découverte pour moi, comme pour le public.

NORD//NOIR (Cold gabber- Calais) : Je les ai découverts grâce à la présélection des Inouïs du Printemps de Bourges. J’ai trouvé leur univers très abouti, pas seulement dans la musique, mais aussi dans tout ce qu’ils construisent autour. À ce moment-là, ils n’avaient que deux morceaux en ligne, donc j’ai pris contact avec eux pour découvrir un peu plus leur univers. Je les ai gardés en tête pendant un moment, en attendant que ma programmation avance. Et puis je suis originaire du nord aussi, donc ça m’a parlé. Ce sont des artistes engagés, ils font partie d’un collectif à Calais qui soutient les personnes migrantes. Ce sont tous ces petits éléments qui m’ont convaincu qu’il fallait absolument les inviter. À Rennes, personne ne les connaît encore, et j’avais vraiment envie de les faire découvrir.

Vous l’aurez donc bien compris: le 21 juin, le meilleur de la scène émergente est au Bar de la Piste. Rendez-vous dès 18h45 au 68 Mail François Mitterrand, pour une soirée qui promet d’etre l’un des moments forts de cette Fête de la Musique 2025.

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