Festival Les 3 Éléphants

Du 14 au 18 mai 2025 LAVAL (35) MAYENNE

On a sillonné pas mal de festivals ces dernières années, mais il nous manquait Les 3 Éléphants à notre palmarès. Rendez-vous est pris ! Du 14 au 18 mai, on débarque à Laval pour cinq jours de musiques, d’arts de rue et de surprises en plein cœur de la ville.
Avec nos artistes à suivre — Pamela, Solann, Contrefaçon, Totorro (et bien d’autres)… mais pas que !
Pour bien préparer le terrain, on s’est entretenu avec Guillaume Levallois, chargé de programmation au 6PAR4 et pour le festival Les 3 Éléphants.

GUILLAUME LEVALLOIS©Simon Hermine

AAS : Bonjour Guillaume, pourrais-tu rappeler en quelques mots l’esprit du Festival Les 3 Éléphants et ce qui fait sa singularité depuis toutes ces années ?

GUILLAUME : Bonjour ! Les 3 Éléphants a été créé en 1998, donc ça commence à remonter. Il est arrivé sur Laval il y a 17 ans exactement. Le festival se déroule toujours au mois de mai, en plein centre-ville. Sa particularité, c’est qu’il propose des musiques actuelles avec un mélange de concerts gratuits et payants. Il y a aussi une large place dédiée aux arts de la rue, entièrement gratuits, et une dimension de scénographie très présente pendant l’événement. Ce sont un peu ces trois axes qui font l’identité du festival.

AAS : Et au fait, pourquoi « Les 3 Éléphants » ? Est-ce que tu peux nous raconter l’origine de ce nom ?

GUILLAUME : Je n’étais pas là au moment où le nom a été choisi, mais il me semble qu’à l’époque, quand le festival se tenait à Lassay-les-Châteaux, il y avait une légende locale qui racontait que dans les souterrains de la ville, il fallait retrouver trois éléphants (on m’a réexpliqué précisément la raison, c’est parce qu’il existe une légende de trois châteaux à Lassay-les-Châteaux, avec des sous terrains qui partent de chacun des châteaux et à l’endroit où se rejoignent ces trois sous terrains, serait caché 3 éléphants). Le nom viendrait de là, et il a été conservé ensuite lorsque le festival s’est installé à Laval.

VENDREDI 16 MAI 2025 LES 3 ELEPHANTS

AAS : Comment as-tu construit la programmation cette année ? Quelles étaient tes envies, tes priorités ?

GUILLAUME : C’est ma première année pour Les 3 Éléphants, puisque j’ai été recruté d’abord par le 6PAR4. L’idée, c’était de revenir à quelque chose de plus éclectique. À ses débuts, le festival était très rock, puis il y a eu une période très axée rap. L’association avait envie de revenir à une programmation plus grand public, qui puisse plaire autant aux parents qu’aux enfants. L’enjeu, c’était de retrouver ce que le festival a pu être, tout en continuant à programmer du rap. Après, il y a évidemment toutes les contraintes. On reste un petit festival, avec une jauge à 5 000 personnes par soir, ce qui limite les possibilités. Aujourd’hui, vu le marché et les prix des cachets – qui n’ont pas diminué ces dernières années – on est de toute façon plutôt sur de l’émergence. On ne peut plus se permettre de programmer des têtes d’affiche à plusieurs centaines de milliers d’euros, ce n’est plus notre registre. Et d’ailleurs, ce n’est plus non plus ce que souhaite l’association.

AAS : Avec la baisse des budgets culturels justement, est-ce que ça a été plus difficile de bâtir une programmation ?

GUILLAUME : Oui, clairement. On a eu des coupes budgétaires de la Région, on a même perdu toutes nos subventions régionales. Nous avions eu des signaux dès l’automne, mais c’est en décembre qu’on a eu la confirmation. Le problème, c’est que la programmation d’un festival, ça se travaille très tôt : on commence dès juin, on s’y met sérieusement en septembre, et en général on annonce les premiers noms en novembre. Là, on ne pouvait annoncer quoi que ce soit sans savoir si on allait avoir les subventions ou non. On a donc dû revoir tout le format du festival. On a rétréci le site, ce qui a forcément eu un impact sur la programmation et les budgets.

AAS : Avec ces baisses budgétaires, comment as-tu trouvé l’équilibre entre faire venir des têtes d’affiche et continuer à soutenir des artistes émergents ? Comment les choix se sont-ils faits ?

GUILLAUME : J’ai d’abord avancé sur les têtes d’affiche des deux soirs, avec notamment Yodélice le vendredi et Odezenne le samedi. Mais on avait aussi envie d’une programmation qui ne repose pas uniquement sur un ou deux noms. Ça peut paraître audacieux de vouloir moins de têtes d’affiche, mais on avait envie de proposer des profils en pleine montée, comme Lucky Love, Solann ou Théodora. Ce sont des artistes qui prennent de l’ampleur aujourd’hui, mais au moment où on les a bookés, ce n’était pas encore le cas. Donc on a construit la prog sur cette dynamique d’évolution.

SAMEDI 17 MAI 2025 LES 3 ELEPHANTS

GUILLAUME : Depuis ton point de vue de programmateur, est-ce que tu sens une évolution des goûts du public, des attentes, ces dernières années ?

AAS : Oui, beaucoup, notamment chez le public plus jeune. Je pense que notre public historique a un peu vieilli, et il est peut-être moins actif en matière de sorties. Ces dernières années, on a commencé à toucher un public plus jeune, mais c’est plus difficile de le capter. On sent que ce public préfère aller voir un artiste en Zénith ou en Arena. Il est moins dans une logique de découverte, moins curieux de ce qui se passe autour d’un festival. Ça nous interroge vraiment sur notre format, parce que c’est plus compliqué aujourd’hui de rassembler du monde autour d’un événement multi-publics. Le public rap, par exemple, veut souvent voir son artiste dans une grande salle, pas dans le cadre d’un festival. Et puis il y a aussi le pouvoir d’achat : on a essayé de mettre un tarif accessible à 39 € la soirée, mais ça reste un budget. Les gens font des choix dans un territoire où il y a beaucoup d’autres festivals.

GUILLAUME : Les arts de rue occupent toujours une place importante aux 3 Éléphants. Quel rôle tu leur donnes aujourd’hui dans l’identité du festival ?

AAS : C’est vraiment ce qui fait que Les 3 Éléphants sont… Les 3 Éléphants. C’est notre plus-value, ce mélange entre musiques actuelles et arts de rue. On investit plus de trente lieux dans toute la ville. Les spectacles sont gratuits, et on peut se faire surprendre tout le week-end par des formes très différentes : du cirque, du théâtre de rue, et puis revenir le soir pour les concerts. Ce format-là, c’est assez unique en France. Malgré les contraintes techniques cette année, on a tenu à garder ce lien avec les arts de rue. Par exemple, la fanfare F’POCK devait jouer dans le cadre de l’art de rue, et finalement, on les a ramenés sur le site principal.

AAS : Le festival a toujours été engagé sur les questions d’éco-responsabilité. Quelles nouvelles initiatives ont été mises en place cette année dans ce domaine ?

GUILLAUME : On continue à être attentifs à plein d’aspects. Il y a le tri des déchets, bien sûr, mais aussi un stand de prévention en cas de violences sexistes et sexuelles. On travaille toute l’année sur l’accessibilité du festival, en lien avec des associations du territoire. Et au niveau de la programmation, on fait attention à intégrer les concerts dans des tournées existantes pour limiter les déplacements et l’impact carbone. Ce ne sont pas forcément des nouveautés cette année, mais c’est un travail de fond, qu’on mène aussi au 6PAR4. L’objectif, c’est de continuer à progresser là-dessus.

©Alexis Janicot

AAS : Si tu devais nous conseiller trois artistes ou projets à ne surtout pas manquer cette année, lesquels choisirais-tu ?

GUILLAUME : THEODORA, c’est un peu le raz de marée de l’année 2024, avec son single KONGOLESE SOUS BBL et son album BAD LOVE LOVE STORY. C’est une artiste qui m’a vraiment marqué cette année, et je suis très content qu’elle soit au festival. Ensuite, PAMELA : c’est un groupe nantais, avec des musiciens qu’on connaît bien. Simon est à la batterie – il a aussi bossé avec Zaho de Sagazan – et Sam, le chanteur, vient de Von Pariahs. Ils ont sorti un EP récemment, c’est super efficace, des tubes rock électro, et en live c’est très fort. Et puis PLEASE, c’est mon coup de cœur, qui s’est calé au dernier moment. Je suis ravi d’avoir pu les raccrocher sur le festival. C’est un groupe parisien, de pop pure et dure, avec des mélodies super addictives. Leur morceau FLASHLIGHT, je l’ai écouté plus de 200 fois. Ça chante super bien !

AAS : Et pour finir, si tu devais donner envie à quelqu’un qui ne connaît pas encore le festival de venir pour la première fois, qu’est-ce que tu lui dirais ?

GUILLAUME : Je lui dirais que c’est un week-end assez fabuleux à vivre, au-delà de la programmation du soir. On peut se faire surprendre partout dans la ville par des propositions artistiques très différentes. C’est un week-end de fête, avec une scénographie participative avec les habitants. Il faut venir sur place, parce que ce mélange entre musiques actuelles et arts de rue, c’est vraiment unique. C’est quelque chose à vivre au moins une fois dans sa vie. Et puis c’est aussi la dernière édition sur ce site, Place de Hercé. Raison de plus pour venir faire une dernière danse avec nous et tous les artistes, avant d’écrire une nouvelle page des 3 éléphants !

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