GATIEN – DANS LE RESPECT DES INSTITUTIONS
Imaginons un repas du dimanche. Table de la cuisine, tonton est là. Poste de télé branché sur les infos… Le silence, puis ce putain de serveur qui lag.
Il apparaît à l’écran, écharpe tricolore pour contrer les idées reçues : « Chers compatriotes. Y’a quelque chose qui bugg dans la manière dont ils s’adressent à nous… ».
Lui c’est Gatien, président du tout cramer sans toucher au mobilier d’État. Une forme de radicalité tranquille, ni cynique, ni moraliste, juste humaine.
Dissoudre sans casser c’est l’objet de campagne de son nouvel EP, l’insurrectionnel (Tout brûler) Dans le respect des institutions.
Artiste indépendant, indiscipliné, Gatien n’est pas de ces voix qui hurlent pour se faire entendre mais qui subtilement font avancer les choses dans l’isoloir.
Cuisinée maison avec Hadrien Perretant et Elodie Charmensat d’Ojos, Par.Sek et Yacynthe, sa pop électro alternative a mijoté 1 an avant de publiquement faire sauter les conventions.
Son projet n’appelle pas à l’insurrection, mais à la lucidité collective. Il est question ici d’habitudes, d’héritages idéologiques, de normes qui s’infiltrent dans les conversations en sortie de messe.
L’ingénieux Tonton raciste en est l’exemple (à ne pas suivre). Ce personnage, on le connaît tous. Il boit du rosé tiède et déblatère des phrases lourdes comme des baleines dans un filet de pêche.
Bien plus fin, Gatien navigue constamment entre la société et le cœur à travers des textes coup de poings, sans agressivité. C’est malin, poétique, riche de sens et d’images. Des humains pas sages, De passage. Un collier de nouilles, emblème de la difficulté à exprimer ce qu’on a sur le cœur… Ou Des printemps, comme autant de mandats qu’on espère chaque fois meilleurs.
Comme si la critique politique ne pouvait se détacher de l’émotion, de la fragilité, de ce besoin d’être aimé malgré l’imperfection. « Est-ce que tu m’aimerais quand même si demain je devenais un ver de verre ? » Drôle de question et pourtant… Car derrière la pudeur, il y a une brûlure tenace, profondément générationnelle.

Et si Gatien était l’homme du rassemblement? Plus à l’aise sur scène qu’à pointer les billets lors de sa release, son énergie communicative a mis tout le monde d’accord. Et lui (littéralement) par terre, brûlant tout sur son passage. Dans le respect des institutions, bien sûr.
Un meeting rare… Une « Autodafête » de partage et d’authenticité avec ThelmA et Allo Christine, secrétaires généraux de la party.
Le feu de Gatien n’est pas ravageur : c’est une déflagration intime. Mais il nous rappelle que parfois, pour que les choses changent, il suffit d’une flamme, même petite.
Alors si au lieu de lancer les hostilités avec un petit Sardou, on se ralliait plutôt à cette manifestation railleuse.
Tête dans le viseur, je branche Spotify et j’éteins le poste de télé daté. Tonton n’a qu’à bien se tenir.
Gatien président? Je vote pour. « Vivement le printemps… »


