AJA–VARIATIONS SUR ABSOLUNE
Un morceau. Sept instruments. Sept pièces d’une même histoire.
Ancienne chanteuse du groupe La Femme, la harpiste et productrice bretonne Clémence Quélennec conduit depuis 2019 son projet solo ambient Aja, inspirée par ses aller-retours entre Taghazout et Paris. Son premier album Ajasphère I., véritable ode à une contemplation puisée en solitaire dans les vastes étendues du désert saharien, posait déjà les bases de l’univers conceptuel et poétique hors du commun de Aja.
Après des années d’introspection au Maroc, de retour à Paris, l’Ajasphère s’est enrichie de rencontres humaines et de collaborations nouvelles, issues notamment de sa résidence à la Villa Médicis et de la co-formation d’un ensemble de musique expérimentale acoustique : le Radeau Consort. Aja nous offre alors l’envoûtant Ajasphère II., un second volume mêlant instruments live et samples de la nature captés pendant ses excursions (sons de pluie, de vent, de chouettes et d’oiseaux). Dans cette atmosphère féérique qui nous invite à rêver à ses côtés, une sphère à part entière semble émerger et composer sa propre harmonie : ABSOLUNE – fusion entre la lune et l’absolu. Une pelote dont elle va dérouler et enchevêtrer les fils par la suite, tissant à nouveau des riches paysages dans son nouvel EP Variations sur Absolune.
Les Variations sur Absolune se déclinent en sept arrangements, avec l’aide de six musicien.ne.s différent.e.s. Chaque Absolune semble alors appartenir à un tableau plus large dépeignant un voyage que l’on fait nôtre, tout au long de l’écoute.
L’orgue de Variéras ouvre le bal, installant une tension mystérieuse, comme un portail mystique vers l’inconnu. La guitare de Piezanowski trace des pas solitaires dans un désert sonore, teinté d’un doute laissant peu à peu place à l’espoir et à la sérénité, avant que la trompette de Swann ne fasse tout taire autour de nous. Cette troisième variation suspendue dans le temps fait ensuite place à une myriade d’étoiles aquatiques dessinées par Sébastien Forrester au métallophone. Ce moment de douce lucidité est interrompu par la gravité de la contrebasse de Ruta, qui nous met en garde sur les épreuves qu’il nous reste à parcourir lors de notre voyage, avant qu’enfin, Aja s’exprime elle-même. Sa harpe clôt notre chemin en beauté, avec une sixième variation embrassant notre âme toute entière. Les notes de la pianiste Mami Konishi ravivent les souvenirs de cette odyssée dans une ultime variation nous enlaçant une dernière fois.
Aujourd’hui, Clémence Quélennec remonte parfois sur scène avec La Femme. Elle a trouvé son équilibre entre ses racines bretonnes, l’effervescence de Paris et ses escapades au Maroc, donnant lieu à une créativité sonore bouleversante.
Avec ses Variations sur Absolune entre hommage à la nature et exploration intérieure, Aja nous invite à assembler avec elle ce puzzle musical semblable à aucun autre, à découvrir absolu(ne)ment.