BARS EN TRANS DU 8 AU 10 DECEMBRE 2022

RENNES (35), ILLE ET VILAINE

Le Festival Bars en Trans est de retour du 8 au 10 décembre 2022 à Rennes. Avec au programme dans les bars, les théâtres et d’autres lieux dédiés à la musique, des groupes représentant tous les styles : musiques urbaines, folk, chanson pop, rock, électro…A l’occasion de la 26ème édition du Festival Bars en Trans, nous avons échangé avec Philippe Le Breton programmateur du festival.

AAS : Du 8 au 10 décembre, aura lieu la 26ème édition du Festival Bars en Trans à Rennes, 100 groupes programmés dans 13 lieux de concerts, 8 bars dont 3 nouveaux. Comment as-tu réussi à convaincre ces nouveaux lieux d’être partenaires de Bars en Trans ?

PHILIPPE LE BRETON : Il y a des lieux qui ont disparu cette année pour diverses raisons : pour des questions de voisinage, de nuisances sonores, etc. Il y a eu aussi des bars comme La Trinquette ou Le Marquis de Sade qui avaient déjà programmé des choses et qui n’avaient pas fait attention aux dates. Mais j’ai eu la chance à cause du Covid, d’avoir été interpellé par des nouveaux lieux avec lesquels on n’avait pas pu collaborer l’année dernière : ils m’ont relancé cet été notamment Lalouperie, La Tête de Chou et La Cavale.

C’étaient des lieux que j’avais déjà identifiés, visités avec des équipes techniques. Des lieux qui proposent de la la musique toute l’année. C’est un peu notre priorité, qu’ils soient un peu identifiés comme des cafés culture même s’ils n’ont pas cette appellation qui est une labellisation. Ce qui est intéressant dans ces nouveaux lieux c’est la présence de jeunes managers avec des personnes qui s’occupent aussi un peu des réseaux sociaux et qui peuvent faire aussi de la programmation. Ils ne font pas spécialement que de la musique, ils font aussi du théâtre, des soirées jeux, un peu dans l’ère du temps avec une jolie restauration, du bon vin, des bonnes bières. C’était aussi intéressant de renouveler et d’aller dans ces nouveaux lieux.

AAS : Il y a de nouveau une programmation très éclectique avec tous les styles : folk, chanson, rap, électro. Peux-tu nous dire comment tu organises la répartition de la programmation sur ces lieux ?

PHILIPPE LE BRETON : Je pars tous les ans d’une feuille blanche. La programmation est faite sur l’ensemble des lieux comme si je faisais 13 festivals différents. J’essaye de m’imprégner de l’ambiance des lieux, de la clientèle, des âges, etc. Des fois on est dans des endroits où on va plutôt proposer de la chanson, on a des lieux de plus en plus hybrides parce que les gens écoutent beaucoup de musiques différentes. Typiquement à La Cavale j’ai autant de la musique électronique que du rap ou de la pop. Par contre il y a des lieux comme La Place où je favorise la chanson depuis le début même si c’est de la chanson pop.  A la Chapelle du Conservatoire, j’essaie de faire un peu des trucs qui s’écoutent, mais avec l’idée de programmer pour des gens qui n’iraient pas au parc expo ou dans un bar rock, qui n’ont pas trop envie d’être bousculés, avec une programmation où il y a une écoute du public qui est plus intense. 

AAS : Comment choisis-tu ces artistes ?

PHILIPPE LE BRETON : C’est quasi 30 ans d’expérience parce que j’écoute de la musique et je suis branché musiques émergentes, nouveaux talents depuis longtemps car c’est l’ADN de Bars en Trans. C’est tout un réseau professionnel, je vais voir toute l’année des nouveaux talents, certaines fois dans des petits bistrots. J’ai aussi un réseau avec plein de gens : des managers, des éditeurs, des maisons de disque, des tourneurs et même des artistes qui m’envoient leurs démos en direct. C’est une espèce de veille toute l’année : dès le mois de janvier, je commence à mettre des écoutes de côté, à me faire des playlists, à construire une programmation dans ma tête. J’ai des difficultés à programmer un artiste qui n’a pas de potentiel pour faire du live. Je suis toujours dans cette idée de regarder si les artistes ont une petite expérience de live, et de me dire que peu importe les esthétiques, ils vont pouvoir continuer à tourner, à faire des concerts, plus que réussir à la Clara Luciani à faire des singles et passer en radio. Par exemple, il nous arrive de faire des musiques un peu extrêmes. Il y a Oi Boys un groupe post-rock très typé années 80, qui chante en français. Je sais déjà qu’il y a un intérêt. Évidemment ça ne va pas vendre des disques ou passer en radio mais je sais qu’il y a un potentiel de tournées, et que dans des circuits alternatifs ça va fonctionner.

©Benjamin Le Bellec

AAS : On a la chance de retrouver sur cette programmation Bars en Trans certains artistes programmés sur le MaMa* comme Pierre Guénard, Nina ou la rappeuse Illustre. Ce choix et volontaire ?

*Philippe Le Breton est coordonnateur showcase et fait partie du Comité de programmation du MaMa festival.

PHILIPPE LE BRETON : Pierre Guénard c’est un peu une filiation parce qu’avec Radio Elvis il a joué tout au début, il n’était pas encore signé. Avant même qu’on décide de le programmer au MaMa, j’avais déjà dans l’idée de le programmer à Bars en Trans car j’ai eu la chance de le voir sur un mini showcase au mois de juin et j’ai eu un coup de cœur absolu juste sur l’écoute d’une dizaine de morceaux. C’était une espèce de coup de foudre esthétique pour moi à ce moment-là et c’était alors évident de le remontrer à Rennes. Nina est une artiste qui commence à faire son petit bonhomme de chemin. Au MaMa nous avons présenté l’artiste en showcase et l’idée ici c’était de la présenter aux rennais. Ça change du MaMa qui est destiné aux professionnels. Donner la chance aux rennais de voir pour la première fois un artiste c’est aussi ça Bars en Trans.

AAS : La scène bretonne est représentée par une douzaine de groupe dans cette programmation, c’est plutôt chouette d’avoir autant d’artistes locaux de qualité.

PHILIPPE LE BRETON : Quand il y a des artistes de qualité comme Levitation Free de Saint-Brieuc ou Mick Strauss de Douarnenez et qu’ils sont bretons, évidemment je fonce, je les mets tout de suite dans la programmation.  C’est aussi l’idée, même si on fait un événement national avec des groupes internationaux, de présenter les artistes locaux. Ça fait partie de notre “devoir” de programmateur, au même titre que Les Trans de présenter des artistes régionaux. 

AAS : Dans la programmation rap de Bars en Trans il y a une grande diversité. Il y a un après-midi programmé au 4bis avec des artistes comme Prince Waly dont le concert est déjà sold-out en janvier avec son concert à la Cigale, mais également la soirée « rappeuses en liberté ». Une grande place est-elle faite au rap pour toucher d’autres publics ?

PHILIPPE LE BRETON : Oui, ça fait déjà une dizaine d’années. Nous avions commencé avec Bigflo & Oli et Lomepal. J’ai toujours un peu regardé la scène émergente rap. Il y a 6 ans, au vu de la consommation de musique urbaine et du nombre de talents en France et dans le monde, c’était évident pour moi de faire focus sur le rap. Avant je faisais des après-midi rap au 1998 Live Club. C’était un peu compliqué l’année dernière car il y avait beaucoup d’artistes émergents mais le public ne vient pas voir des artistes émergents même s’il y a beaucoup de followers. On s’est dit qu’on irait plutôt vers un public déjà présent au 4bis. C’est sa fonction au 4bis de faire de la résidence et de travailler ces publics là. C’est vraiment un lieu de musique urbaine. On est assez content de faire des concerts là-bas. Prince Waly devait jouer en 2018 ou 2019 mais il avait un problème de voix, il avait donc annulé sa présence à Bars en Trans. Pour son retour sur scène, le tourneur me l’a proposé cette année avant tout le monde et je l’ai tout de suite mis sur la grille de programmation. Evidemment la billetterie fonctionne bien et autour il y a plein d’artistes émergents comme Randy le rennais, Lazza Gio mon coup de cœur qui joue aussi ce jour-là. L’idée c’est vraiment d’aller vers des publics, présenter des artistes émergents, c’est aussi faire venir des artistes comme les rappeuses rennaises LBLK programmées à La Cavale dans des bistrots avec des publics qui n’ont pas l’habitude d’aller voir des concerts dans des cafés concerts. En fait, je me suis permis de faire du rap un peu tous les jours et dans plein d’endroits parce que j’ai même Simia et Pierre-Hugues José qui font du rap le jeudi soir à la Tête de chou. Je finis à la Place qui est un lieu plutôt chanson où j’avais déjà programmé Clara Luciani, Angèle et bien d’autres. Il y aura aussi Carole Pelé qui est plus dans une chanson urbaine et Marguerite Thiam qui est plus dans le RnB, un peu rap. Du coup Il y a la présence de rap et de musique urbaine un peu tous les jours et dans plein de lieux différents.

Il y a un autre groupe qui s’appelle Ojos. C’est un mélange très varié, très hybride mais on sent qu’ils sont très influencés par la musique rap, la musique urbaine comme plein d’autres groupes. C’est comme l’électro aujourd’hui il y a de plus en plus de drum&bass derrière dans des prods de rap. C’est tout un mélange. Je pense que l’écriture chanson à la française comme ça existe est très influencée par le rap et les musiques urbaines.

AAS : Si tu avais 10 artistes à suivre dans ta programmation, ce serait qui ?

PHILIPPE LEBRETON : J’ai un vrai coup de cœur, pour Lisa Ducasse c’est un mélange de spoken word et de chanson. C’est une fille d’origine mauricienne, que j’ai eu la chance de voir en concert au IOMMa à la Réunion.  En chanson pop, électro pop Citron Sucré, originaire de Lyon.

Il y a un groupe de rock que j’aime beaucoup, c’est Oi Boys, originaire de l’Est de la France et aussi Oete qui vient juste de sortir son album. Je l’avais rencontré aux Inouïs. J’ai vu son concert qui m’a complètement bouleversé. Depuis il a complètement explosé.

Il y a Levitation Free que j’adore et aussi Marguerite Thiam qui va jouer à La Place le samedi soir. Il y a un garçon qui s’appelle Roland Cristal qui fait de l’électro complètement barré. Il y a aussi Les Shirley, les canadiennes, un groupe garage rock pur et dur.

J’aime aussi un groupe qui s’appelle Chien Méchant qui fait une espèce de funk soul électronique tout mélangé mais hyper bien fait, avec des instruments vintages, hyper dansant.

J’adore un garçon qui s’appelle Le Chapu, qui fait de la musique électronique avec de la récupération de plastiques et il sample tout ça et en fait des boucles. Tous ses instruments sont dans de la récupération. Il y a aussi Joube que nous ferons peut-être jouer dans des endroits un peu secrets, il fait de la musique électronique, de la basse avec son vélo. Ils sont tous les 2 à Lalouperie le jeudi et le vendredi.

Retrouvez l’ensemble de la programmation sur : https://www.barsentrans.com/

Partager

error: Ce contenu est protégé