FESTIVAL ART ROCK DU 26 AU 28 MAI 2023

SAINT-BRIEUC (22), BRETAGNE

Le festival Art Rock soufflera ses 40 bougies du 26 au 28 mai . Nouvelle édition pour cet anniversaire qui s’annonce plein de surprises. Entretien avec ALICE BOINET , programmatrice du festival.

AAS : Le festival Art Rock fête un bel anniversaire cette année, que retiens-tu de ces 40 ans ?

ALICE BOINET : Le début d’Art Rock c’était en 1983, j’ai 10 ans de moins que le festival. Je n’ai malheureusement pas assisté à toutes les éditions, mais j’en ai fait un paquet. C’est un festival très différent des autres, de par son caractère urbain en centre-ville de Saint-Brieuc, mais aussi pour de la pluridisciplinarité. Ce sont des souvenirs d’arts de rue incroyables avec Royal de Luxe, La Fura dels Baus, des spectacles de danse et de théâtres monumentaux, de l’émergence théâtrale, je pense notamment aux Chiens de Navarre. C’est aussi des expositions qu’on ne voit jamais dans des festivals aussi généralistes qu’Art Rock avec un gros focus sur l’art contemporain et l’art numérique.

Et cette programmation musicale pluri-genres, qui va chercher à faire se rencontrer des publics, qui normalement dans certains autres festivals ne se rencontrent pas. Tout simplement parce que les différentes scènes du festival sont très proches les unes des autres. Il n’y a pas de division entre les publics mais plutôt des rencontres. J’adore quand une personne qui est fan de rock me dit : « J’ai fait une super découverte en rap ou en électro… ». C’est plutôt tout cela que je retiendrais d’Art Rock de ces dernières années.

Il y a aussi l’accessibilité, puisque la moitié de la programmation est gratuite. Je pense à la scène des musiciens du métro, la scène du village où on essaye toujours de faire découvrir des artistes qui sont tout au début de leur carrière, en développement.

AAS : Cette édition anniversaire a-t-elle été plus difficile à bâtir que les autres au vu de l’attente du public ?

ALICE BOINET : Peut-être un peu plus, oui. Mais chaque année on a quand même une pression du public, c’est normal avec une histoire aussi grande. 39 éditions précédentes qui ont été marquantes pour le public et des générations entières puisque les gens qui avaient 20 ans en 1983 en ont 60 ans maintenant et certains viennent toujours. Oui, cette pression s’accentue avec les années. Elle était déjà présente pour la 39-ème édition l’année dernière puisque c’était le retour d’Art Rock après deux années covid. C’est une pression particulière, mais je pense qu’il faut rester fidèle à ce que l’on est, ne pas viser la folie des grandeurs. Le but de cette 40-ème édition est de continuer l’histoire après. On a aussi envie d’avoir une 41-ème édition.

VENDREDI 26 MAI 2023 www.artrock.org/programmation

AAS : Comment bâtis-tu ta programmation ? Comment arrives-tu à trouver le bon tempo entre artistes confirmés (que l’on retrouve à la grande scène) et artistes émergents ? Qu’est-ce que tu recherches d’abord et que rajoutes-tu après ?

ALICE BOINET : Il n’y a pas vraiment de temporalité tout à fait exacte, puisque cette année le premier groupe confirmé est un groupe du forum. La logique voudrait que l’on commence par la grande scène, les têtes d’affiches. Pour les scènes émergentes, le forum, la scène B, la scène du village, on va plus aller sur le coup de cœur, mais tout en essayant d’atteindre un équilibre entre les différents styles musicaux, entre les différentes esthétiques et entre les différents publics visés. Pour les têtes d’affiches, pour la grande scène on va à la fois vouloir écouter les attentes du public, suivre l’actualité musicale, les albums qui sont sortis en 2022 et ceux à paraître en 2023. Il y a aussi cette volonté de toujours vouloir surprendre le public, de faire des références à l’histoire musicale. Je pense à JEFF MILLS, le pape de la techno. C’était important pour nous de l’accueillir, bien qu’il n’y avait pas d’actualité particulière autour de sa venue. C’était plus une envie de surprendre le public techno.

Art Rock a l’habitude de se démarquer des autres festivals avec des têtes d’affiches internationales qu’on ne va pas retrouver partout ailleurs. Si on prend l’édition de l’année dernière, PHOENIX était la première date française et mondiale de leur nouveau live. C’est le cas cette année avec CHRISTINE AND THE QUEENS, qui revient avec un nouvel album et avec seulement trois dates en France dont Saint-Brieuc. On essaie toujours de tirer notre épingle du jeu dans cette énorme et vivace scène des festivals en France avec des artistes que l’on ne va pas retrouver partout. Et en même temps, on répond aux attentes du public avec des artistes  comme PIERRE DE MAERE, ADE ou IZIA qui sont très attendus, puisqu’ils correspondent à ce qu’écoutent les briochins et briochines en ce moment.

AAS : Comment as-tu réussi à programmer CHRISTINE AND THE QUEENS ? C’est un sacré coup, n’est-ce pas ?

ALICE BOINET : C’est la première date en France, la seule date en Bretagne. Comment je réussis ? Je travaille beaucoup, mais aussi parce qu’avec ces 40 ans d’existence d’Art Rock, on a un petit bijou entre les mains. C’est simple d’expliquer aux artistes et à leurs équipes que lorsque l’on vient à Art Rock, on est bien accueilli par l’ensemble des équipes. On rencontre aussi un public particulier qui ne va pas dans tous les autres festivals, qui est multigénérationnel, l’âge moyen du festivalier est de 35 ans. C’est ça qui plaît et qui séduit les artistes. Souvent ils se rappellent de leurs dates, c’est le cas de CHRISTINE AND THE QUEENS qui était passé sur la grande scène en 2015. Depuis il a eu une carrière énorme, et des festivals beaucoup plus gros qu’Art Rock. Mais on se rappelle d’un festival comme Art Rock car il ne ressemble pas à tous les autres. C’est comme cela que l’on arrive à convaincre des artistes de renommées internationales, qui peuvent avoir des exigences financières énormes ailleurs. Chez nous ils acceptent de faire un effort pour présenter un live un peu différent car Art Rock est un festival diffèrent. 

AAS : Il y a 40 ans en 1983, il n’y avait aucune artiste féminine dans la programmation. Avec le temps les choses ont évolué, et elles sont de plus en plus programmées dans les festivals. C’est le cas de cette édition. Comment choisis-tu ces artistes féminines ?

ALICE BOINET : Je mets une grande importance à défendre les artistes féminines ou les minorités sexuelles LGBTQIA+. Pour moi c´est important en 2023 et ça l’était déjà il y a une dizaine d’années. En effet, en 1983 c’était peut-être plus difficile de trouver des artistes féminines à programmer. En 2023, ce n’est pas difficile, on ne peut pas prendre cette excuse, il y a beaucoup d’artistes féminines de grande qualité. Après je dis ça, mais malheureusement je n’arrive toujours pas avoir la parfaite parité dans la programmation d’Art Rock entre les hommes, les femmes et les groupes mixtes. J’essaie d’y tendre et de programmer de plus en plus d’artistes femmes, mais jamais je ne programmerai un artiste pour son genre.

SAMEDI 27 MAI 2023 www.artrock.org/programmation

AAS : Si tu devais retenir le nom d’un seul artiste cette année ?

ALICE BOINET : C’est très difficile, mais je dirais CHRISTINE AND THE QUEENS. Son nouvel album s’annonce comme un succès. C’est peut-être le live que j’ai le plus hâte de découvrir.

AAS : Si tu devais nous partager une anecdote de ces dernières années de programmation à Art Rock ?

ALICE BOINET : Des anecdotes, il y en a beaucoup. Ce qui m’a le plus marquée ces dernières années, c’est un moment avec un journaliste, venu couvrir le concert de THE GOOD, THE BAD AND THE QUEEN en 2019 sur la grande scène, dont le chanteur est DAMON ALBARN. Je suis complètement fan de cet artiste et j’étais très impressionnée de le rencontrer. Ce journaliste ne parlait pas anglais. Il avait calé une interview avec nos attachées de presse et DAMON ALBARN. Il pensait qu’il y avait une traductrice. Ils ont donc fait appel à moi pour faire la traduction des questions du journaliste et les réponses de l’artiste. J’ai vécu un moment hors du temps avec un artiste que j’admire beaucoup.

AAS : Ton meilleur souvenir ?

ALICE BOINET : Le spectacle de la compagnie Carabosse au Parc des Promenades en 2017, qui avait très clairement mis le feu pendant deux soirs de suite. J’étais très fière de cette édition. La thématique était sur les éléments naturels : l’eau, la terre, le feu et l’air. Ça m’avait impressionnée. C’était une compagnie que l’on essayait de faire venir depuis très longtemps à Art Rock. Les souvenirs sont multiples et innombrables mais le premier qui me vient en tête, c’est celui-là.

AAS : Ton pire cauchemar ?

ALICE BOINET : L’annulation de l’édition 2020. J’étais très contente de la programmation. On l’avait annoncé un mois avant l’annulation. La billetterie marchait très bien. On avait un bon retour du public. Il y avait le groupe IAM de programmé, l’exposition sur le thème des fantômes au musée. Le Covid est arrivé et on a dû tout annuler. C’était difficile à vivre.

DIMANCHE 28 MAI www.artrock.org/programmation

AAS : L’artiste que tu rêverais de programmer à Art Rock ?

ALICE BOINET : Je dirais IGGY POP et ETIENNE DAHO. Deux artistes dans des styles très différents que j’aimerais beaucoup accueillir un jour à Art Rock.

AAS : Tes 5 ARTISTEASUIVRE coups de cœur de cette édition ?

YOA c’est mon coup de cœur de l’année ! C’est une jeune femme que je trouve impressionnante car elle est seule en scène. Elle est à l’image de sa génération. Elle a 23 ans, elle est fan de la série Euphoria. Elle parle de sexe, de santé mentale, de ses problématiques de jeune femme et elle les met en musique de façon délicate. Elle est magnétique sur scène. Je l’ai vue plusieurs fois en concert et à chaque fois elle me bouleverse. YOA jouera le vendredi 26 mai sur la scène B.

SOCIAL DANCE clôturera le forum le dimanche 28 mai. C’est un groupe de Marseille qui fait de la pop. Ils sont jeunes, ils sont beaux à voir sur scène. Ils nous emportent dans une espèce de danse et de folie incroyable. J’ai hâte de les voir jouer au forum.

W & Z est un duo de rappeurs et producteurs briochins. On les accompagne toute l’année avec la Smac Bonjour Minuit de Saint-Brieuc. Ils sont très bons dans ce qu’ils font. C’est un vrai coup de cœur.

DEMAIN RAPIDES est un jeune de Lille que j’ai découvert il y a peu de temps. Il a une faculté à mélanger des choses qui n’ont rien à voir : du rap, de l’électro, de la poésie. C’est une pépite pas encore connue. Je suis très contente qu’il soit déjà à Art Rock, il le mérite.

SILLY BOY BLUE est une jeune femme que je suis depuis très longtemps, qui était programmée en 2020, mais annulée suite au Covid. Elle revient avec un album où elle va encore plus loin dans sa musique. Elle a une voix incroyable. Elle restait dans un cadre pop un peu mélancolique et là, elle va plus dans du rock, dans des sonorités plus entraînantes. J’aime bien son univers musical et visuel. C’est quelqu’un de très sympathique qui m’emporte dans tous ses projets. Je suis très contente de l’accueillir… enfin ! car cela fait quand même trois ans qu’on l’attend à Art Rock (rires) !

AAS : Et si ALICE BOINET devait nous révéler un secret pour cette 40-ème édition, ce serait ?

ALICE BOINET : Il y a un gros secret pour le dimanche soir et une surprise sur la grande scène le samedi soir, mais je ne peux pas en dire plus pour le moment (rires)…

RETROUVEZ L’ENSEMBLE DE LA PROGRAMMATION SUR : ARTROCK.ORG

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