En marge du MaMa festival, le 17 octobre dernier, nous avons pu rencontrer Nathalie Froehlich. Cette artiste suisse se définit elle-même comme une rappeuse « ultra-vénère ». Pour Artiste à Suivre, elle revient sur son parcours, son style unique et ses projets engagés.
AAS : AAS : Bonjour Nathalie, pour ceux qui ne te connaissent pas, peux-tu en dire plus sur ton parcours ?
NATHALIE FROEHLICH : Bonjour, je m’appelle Nathalie Froehlich et je viens de Suisse. J’ai toujours fait de la musique : piano, chant… J’ai même intégré une école de jazz ! Ensuite, je me suis dirigée vers des univers plus électroniques, et c’est là que mon style a évolué.
AAS : Si tu devais définir ton style, sans forcément le ranger dans une case, comment le décrirais-tu ? Je trouve qu’il y a un vrai “style Nathalie Froehlich” qu’on ne voit nulle par ailleurs !
NATHALIE FROEHLICH : Merci ! J’appelle ça du “rave-party-rap”, c’est le terme qui résume le mieux mon univers. Je rappe sur des rythmes variés : reggaeton, baile funk, techno, hardcore et même musique classique aussi, mais toujours avec des textes engagés et percutants. C’est un mélange entre une fête énergique, parfois vénère mais toujours avec une touche joyeuse.
AAS : Tu as donc commencé par le classique, puis le jazz, avant de t’imerger dans le milieu alternatif. Tu disais en interview avoir « pété les plombs et pété les watts ». Comment on « pète les watts » pour passer d’un style à l’autre ?
NATHALIE FROEHLICH : Je n’ai jamais su me limiter à un seul style. J’aime la musique dans sa globalité, qu’elle qu’en soit la forme. J’ai trouvé des similitudes entre des genres totalement différents. Pour moi, rapper sur une instru, c’est comme un guitariste qui improvise sur du jazz ou du funk. Pendant longtemps, j’ai eu du mal à entrer dans une case, qu’elle soit hip-hop, funk ou techno. Mais, aujourd’hui, je vois cela comme une force. J’essaie de montrer dans mes sets à quel point j’aime la musique sous toutes ses formes.
AAS : En live, tu frappes fort, notamment en mélangeant musique et danse. On sent que tu réinterprètes toute une culture à ta manière. Est-ce que tu places l’expérience live au cœur de ton projet ?
NATHALIE FROEHLICH : À 100% ! J’ai commencé par le live avant même de produire ou de sortir des morceaux. Au départ, je rappais en “teuf”, sur les sets des autres, de minuit à six heures du matin, dans des clubs, des squats, ou en pleine forêts. Avec le temps, j’ai ajouté la production et l’aspect visuel, mais mon projet reste avant tout pensé pour le live. C’est une musique de fête qui se vit et qui prend tout son sens sur scène.
AAS : Dans ton dernier projet, What The Heck ? Tu lâches tout avec un clip puissant. Peux-tu nous parler de sa création ?
NATHALIE FROELICH : Ce morceau je l’ai crée avec FlexFab, un producteur suisse hyper talentueux . Il capture parfaitement l’énergie explosive du live et des sonorités bale funk. Dès que j’ai entendu sa prod, j’ai su qu’on tenait quelque chose de fort. Pour le clip, on a collaboré avec Lucas Perrin, un vidéaste un peu fou. J’adore travailler avec des gens un peu tarés, car je le suis aussi (rires). Ensemble, on a voulu retranscrire cette énergie festive, cette folie et ce chaos apocalyptique où tout part dans tous les sens. Je suis très fière de ce projet.
AAS : Tes textes sont engagés. Quel message cherches-tu à transmettre à travers ta musique ?
NATHALIE FROEHLICH : Pour moi, ce sont des valeurs fondamentales qu’on partage tous en rave : anti-sexisme, anti-racisme, anti-LGBTphobie. Ce ne sont pas “des messages” mais des principes de respect universel. En Suisse, les gens portent souvent des masques. C’est une société rigide où s’exprimer librement est parfois difficile. Cela m’a longtemps retenue. Aujourd’hui, je veux encourager chacun à exister pleinement. Sur scène, transmettre ces valeurs me donne une immense force.
AAS : Etre artiste en Suisse peut-être compliqué. Quels conseils donnerais-tu à un artiste suisse qui souhaite se lancer ?
NATHALIE FROEHLICH : Ne jamais abandonner. C’est dur, on prend des claques régulièrement, et ça peut prendre des années. Mais il faut persister et s’entourer des bonnes personnes. Pas besoin de gros labels : il faut travailler avec des gens avec qui on se sent bien, qui respectent notre vision. Il faut aussi être prêt.e à énormément travailler. Ce n’est pas un job qui est fait pour tout le monde. Ce métier est fait pour les passionnés, un peu fous. Si c’est ton cas, fonce, et n’arrête jamais.
AAS : Et les hommes dans la musique, tu en penses quoi ?
NATHALIE FROEHLICH : Je ne pense rien en fonction des genres. On me demande souvent ce que je pense du rôle des femmes dans la musique, mais ce n’est pas à moi de justifier mon existence. Ce sont les hommes qui devraient se poser cette question et agir pour une meilleure inclusion. Nous, on est là, on fait notre travail, mais sans leur prise de conscience, c’est difficile de combattre l’invisibilisation dont on souffre encore.
AAS : Il y a un réel engouement autour de toi et de ton projet. Comment tu le vis-tu ?
NATHALIE FROEHLICH : Je suis heureuse de voir le projet bien accueilli, notamment en France où on a fait de belles dates cette année, comme aux Eurockéennes. Je suis confiante pour la suite. Tout reste possible tant qu’on y croit et qu’on garde la foi.
AAS : Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?
NATHALIE FROEHLICH : Du bonheur, tout simplement. Que le projet continue de grandir. Mais aussi que la musique alternative retrouve toute sa place, car elle apporte beaucoup de bien aux gens. Alors, du bonheur et de gros festivals !
Merci à Max pour son soutien précieux / Team Artisteasuivre