Interview
du mois

POPPY FUSÉE 

©ANTOINE HENAULT

L’INTERVIEW PREMIER ALBUM : Festival Les Primeurs de Massy mercredi 30 octobre 2024.

En novembre dernier, aux Primeurs de Massy, Poppy Fusée dévoilait Better Place, un premier album délicat où pop sucrée et productions aériennes s’entrelacent. L’occasion pour nous de retrouver l’artiste et d’échanger sur cet univers musical intime et sincère.

AAS : On dit souvent que le premier album est un CV artistique. Qu’est-ce que cet album dit de toi ?

POPPY FUSÉE : C’est vrai qu’un premier album peut être vu comme un CV. Le mien reflète mon parcours, notamment les dix années passées dans un groupe. Mais avec cet album, j’ai voulu marquer une émancipation : je ne suis plus deux, je suis une personne entière. Better Place explore la quête du meilleur endroit : est-ce un lieu lointain à atteindre ou quelque chose d’intime, à portée de main ? Cet album parle de cette beauté qu’on découvre en réalisant ce qu’est notre « meilleur endroit ».

AAS : Qu’est-ce qui rend cet album unique pour toi ?

POPPY FUSÉE : C’est l’album le plus personnel que j’aurais pu créer. J’ai uniquement travaillé avec des personnes en qui j’ai une totale confiance. C’est essentiel pour moi. Dans une salle d’enregistrement avec un producteur que je connais peu, j’ai beaucoup de mal à dire “je n’aime pas ce que tu as fait”. J’ai donc collaboré avec des amis très proches, ce qui m’a permis de conserver une grande liberté. Même si je n’ai pas les compétences techniques pour produire ou mixer moi-même, j’ai été impliquée dans chaque étape. Cette approche, presque autodidacte, le rend unique à mes yeux.

AAS : Y a-t-il une histoire ou une anecdote derrière la pochette de cet album que tu aimerais partager ?

POPPY FUSÉE : C’est Antoine Esnault, un photographe incroyable, qui a shooté la pochette. Je voulais un clin d’œil cinématographique car j’aime beaucoup le cinéma. Il s’agit d’une référence à Lost in Translation. Il y a une scène où l’on voit Scarlett Johansson avec la ville illuminée en arrière-plan. Ça se passe au Japon, mais on n’avait clairement pas le budget (rires). J’aimais beaucoup cet album avec ce contraste ; le bleu de la ville derrière et la lumière sur son visage. Il y a ce sentiment d’être complètement paumé et chercher justement ce Better Place.

©ANTOINE HENAULT

AAS : Tu es en tournée. Que ressens-tu en voyant le public s’approprier les titres de l’album ?

POPPY FUSÉE : C’est l’une des plus grandes joies qu’un album peut offrir. Tous les artistes n’ont pas la chance de pouvoir tourner après une sortie, alors je me réveille chaque matin remplie de gratitude. Mon album est sorti en janvier et depuis je suis constamment sur la route à le présenter à des gens qui le découvrent pour la première fois ou à d’autres qui viennent exprès pour l’écouter en live. C’est une manière idéale de continuer à faire vivre cet album, bien au-delà de la période promo qui, souvent, ne dure que quelques mois.

AAS : Quand tu écoutes l’album aujourd’hui, est-ce que tu te dis « satisfaction totale » ou « envie de tout refaire » ?

POPPY FUSÉE : Je ne changerais rien à cet album. Je l’aime profondément. Mais si on m’avait posé cette question il y a dix ans, ma réponse aurait été différente. Ce qui fait toute la différence ici, c’est que je n’ai fait aucune concession. Dans mon ancien groupe, on modifiait des choses pour plaire à notre label ou pour espérer passer à la radio. Et ces compromis se sont souvent transformés en regrets. Avec Better Place, j’ai refusé de céder sur quoi que ce soit et je suis fière du résultat.

AAS : Quel est le titre que tu préfères jouer en live ?

POPPY FUSÉE : J’adore jouer In Between, qui se trouve au centre de l’album. Ce morceau est un véritable point de bascule. La première partie de l’album est très sombre, elle évoque des thèmes comme la dépression ou le deuil. Puis arrive ce morceau, qui amorce un passage vers la lumière. Juste après, on entre dans des chansons plus douces, parfois même joyeuses. En concert, In Between crée ce même effet : je remarque que le public n’a pas la même énergie avant et après ce titre. C’est un moment clé, autant sur l’album que sur scène.

AAS : Si tu devais résumer l’esprit de cet album en trois mots ?

POPPY FUSÉE : Ombre, lumière… et je dirais aussi planant et intime.

Partager

error: Ce contenu est protégé