En pleine tournée des festivals, Zed Yun Pavarotti faisait escale à Saint-Brieuc pour le Festival Art Rock vendredi 17 mai 2024. Quelques minutes avant de monter sur scène, l’artiste stéphanois s’est livré au micro jaune d’ARTISTEASUIVRE.
AAS : Salut Zed Yun, bienvenue en Bretagne ! Pour commencer, peux-tu te présenter en quelques mots pour les gens qui ne te connaissent pas ?
Zed : Salut ! Je m’appelle Zed Yun Pavarotti, sinon je m’appelle Charlan, j’ai 27 ans, je suis Stéphanois et j’essaye de faire de la musique du mieux que je peux.
AAS : Ton premier projet Grand Zéro sort en 2018. A cette époque, tu étais rappeur. Aujourd’hui tu t’inscris complètement dans une esthétique rock, et tu dis même ne plus écouter de rap. Comment expliques-tu cette évolution musicale au fil de ta carrière ?
ZED YUN : Je fais souvent de la musique par rapport à ce que j’écoute et ce que j’aime. C’est normal, on commande au resto des trucs qu’on aime manger (rire). Oui, j’écoutais du rap, j’en ai fait beaucoup à mes débuts. Ca m’a donné une bonne porte d’entrée dans le milieu artistique et j’ai pu apprendre la base de plein de petits trucs. Puis j’avoue, j’ai cessé d’en écouter car ça a arrêté de me parler assez rapidement tout de même. Maintenant, j’écoute quasiment que du rock ou de la pop anglaise, donc naturellement j’ai voulu aller sur ce terrain là. Quand je me suis rendu compte que c’était un terrain de jeu artistiquement infini, ça m’a excité, et je pense y rester encore longtemps.
AAS : Ce changement de rap à rock, c’est un changement que l’on voit assez peu sur la scène musicale française. Il y avait peu voire pas de référence qui puisse te guider dans ce changement, alors est-ce qu’il y a des artistes dont tu t’es tout de même inspiré ?
ZED YUN : De gens qui ont fait des transitions ? Non. Malheureusement, le peu qui ont essayé se sont cassé la gueule. Moi, quand j’ai décidé d’y aller, j’ai pris deux ans pour apprendre vraiment ce que c’était, apprendre la composition, je suis vraiment reparti de zéro en fait. Je me suis pas juste dit “je vais jouer de la guitare électrique et vu que je suis artiste je sais faire”, pas du tout. J’étais un bébé, il fallait que j’apprenne, et j’apprends encore à mort ! C’est parce que je l’ai fait avec authenticité que ça a pu marcher et que les gens ont continué de me suivre je pense, parce que c’était crédible.
AAS : Justement après ce virage, comment ton public a-t-il réagi ? Est-ce que tu appréhendais leur réaction ?
ZED YUN : J’étais obligé d’y penser un peu, car j’ai une carrière et il faut que je mange quand même. Mais en vrai j’ai essayé de ne pas y penser du tout. Le meilleur moyen de me rassurer, c’est que si ça marche un jour dans ma vie, c’est parce que j’ai fait ce que j’aimais faire. Donc je n’ai aucune autre raison de ne pas faire ça. Et là, vu que j’ai fait ce que j’aimais, que j’étais sincère comme à mes débuts, je me suis dit : c’est bon les gens vont me suivre. C’était un peu suicidaire quand même, j’ai perdu du monde, mais c’est pas très grave, j’y ai gagné d’autres personnes.
AAS : La première fois que je t’ai entendu, c’est avec le son Papillon qui est un de tes plus gros titres, mais tu as également d’autres titres phares, comme par exemple LaLaLand ou Beauseigne, que beaucoup de gens dans ton public connaissent. Pourrais-tu nous dire quels sons de ta discographie ont forgé ta carrière selon toi ?
ZED YUN PAVAROTTI : Le titre Beauseigne, je l’adore vraiment, j’ai un gros attachement et je suis content qu’il ait marché pour le coup. J’ai également de l’affection pour Papillon. Il y a certaines contradictions, comme par exemple LaLaLand, je ne l’ai jamais aimé de ma vie ce titre. Il n’y a pas une seule fois où je l’ai vraiment aimé, sauf que l’on me conseillait de le garder, tout le monde était assez unanime là-dessus. Et au final, c’est mon deuxième plus gros morceau, voire ex-aequo avec Papillon. Mais sinon, j’ai de l’affection pour ces deux titres (Papillon et LaLaLand). Le premier gros marqueur, ça a été Papillon quand même.
AAS : Et avec lesquels prends-tu le plus de plaisir à jouer sur scène ?
ZED YUN : Parmi les plus gros morceaux en termes de succès, je dirai que c’est Beauseigne, j’adore le jouer.
AAS : Tu ne fais jamais de feat dans tes projets, alors que tu en as déjà fait plusieurs sur des projets d’autres artistes (comme sur l’album Volume de Fils Cara ou sur le single Sunday afternoon avec Lestin), peux-tu nous expliquer pourquoi ?
ZED YUN : Parce que je trouve que c’est super bizarre de mélanger les univers. C’est compliqué. Personnellement, je n’ai pas envie de le faire, j’ai jamais trop aimé ça et je trouve ça difficile. Après, ça a une logique commerciale parfaite, mais moi tant que je ne suis pas certain de qui je suis et de comment je fonctionne, je peux pas me permettre d’inviter quelqu’un d’autre. En tout cas, je ne pouvais pas. Maintenant ça va un peu mieux, donc peut-être que je devrais faire une première collaboration pour mon projet. Il faut que ça marche quoi, si le morceau est pas bien ça sert à rien, et je le ferai pas pour des logiques commerciales, surtout que là pour le coup ce serait un artiste qui serait en dessous de moi en notoriété. Fils Cara, c’est un pote de Saint-Etienne, donc c’était plus “on se fait des sons entre potes”, et Stain, j’étais missionné pour venir l’aider sur un titre et faire de la réal, on s’est bien entendu et on a fait le feat, c’était cool.
AAS : Peux-tu présenter les musicien.nes avec qui tu performes sur scène ? Comment s’est fait la rencontre avec eux ?
ZED YUN : À mort ! Il y a Osha qui a produit tous les projets en tant que beatmaker quand j’étais rappeur, maintenant il est toujours avec moi, on avance un peu à deux, lorsque l’on fait les règles définitives, il fait de l’édit, des arrangements… En fait c’est mon binôme, j’ai confiance en lui, j’ai besoin qu’il soit à côté de moi pour pouvoir travailler de toute façon, en tout cas pour finir un album. Il y a Juliette Notzisway, qui a un groupe qui s’appelle Ganache à côté, qui est une excellente guitariste, et je vous invite à aller écouter Ganache tout simplement ! Il y a également Ugo del Rosso, qui est un auteur-compositeur-interprète, qui est super fort et qui vient de sortir un album qui est trop bien, qui s’appelle Homme Jeu. Et enfin il y a Lucas, qui fait plein de trucs avec plein de gens mais qui a pas de projet perso, c’est mon batteur.
AAS : Si l’on revient à l’actualité plus récente de ta carrière, la réédition de ton album Encore est sortie il y a deux mois maintenant, peux-tu nous expliquer le processus de création de ce projet ? Comment ça se passe en concert ?
ZED YUN : Pour être très honnête, c’était surtout une donnée contractuelle car je devais des morceaux à mon partenaire colombien, j’avais pas le choix de faire cette réédition. D’habitude, je n’en fais pas car je n’aime pas casser le temps entre deux projets, car j’essaye de vraiment faire une révolution à chaque nouveau projet. Sortir quelque chose en milieu de chemin alors que je ne suis pas vraiment au clair, j’aime pas trop, mais au final je me suis amusé et j’ai pris beaucoup de plaisir à le faire. Il n’y a que des morceaux que j’ai fait pour l’occasion, et pas des anciens morceaux que j’ai pas gardés. Ça m’a permis de plus m’amuser, de faire des trucs un peu plus faciles, un peu plus dansants. Sauf pour Les amis s’endorment mais s’aiment encore, qui lui est différent car c’est le premier morceau que j’ai enregistré en live. C’est une chose que j’aurai eu peur de faire sur un album car c’est compliqué à mettre en place, mais qui a finalement super bien marché. Donc je pense que ça m’a permis d’expérimenter aussi et de faire des choses que je fais pas habituellement.
AAS : Un ou deux artistes à suivre à nous conseiller ?
ZED YUN : Eh bien déjà les membres de mon groupe ! Hugo del rousseau, Juliette Notzisway avec le groupe Ganache, Osha et Zed Yun Pavarotti (rire) ! Nan, sinon allez écouter Marguerite Thiam, c’est la cristallisation de ce qui se fait de mieux en terme d’être humain, donc il faut écouter ça.