Acide et pourtant suave, douce et piquante, la pop électronique de Citron Sucré est le fruit de l’alliance entre des productions à la froideur synthétique et une voix singulière. Nous avons pu profiter d’un moment privilégié avec l’artiste au Festival Bars en Trans à Rennes, en décembre dernier, pour évoquer son parcours, son projet.
AAS : Bonjour Citron Sucré, quel nom original, ça vient d’où ?
CITRON SUCRÉ : J’aime beaucoup les fruits. Ça représente vraiment le côté acidulé et en même temps le côté sucré de mes titres. On passe souvent de l’un à l’autre : de quelque chose de très dark à quelque chose de très lumineux, de quelque chose de très profond à quelque chose d’enfantin. J’aime bien cette dualité et cette ambivalence. Ça me représente et je pense que naturellement je l’exprime à travers mon art. Le titre de mon projet, les musiques, les paroles, ce n’est pas quelque chose que j’ai défini consciemment. Mais à la fin quand je regarde le tableau, ça crée quelque chose de consistant au final.
AAS : Comment pourrait-on définir le style, le genre de ton projet ?
CITRON SUCRÉ : J’ai beaucoup de mal à définir mon projet avec un seul genre puisque je me nourris de plein de styles à la base. Je suis quelqu’un qui va chercher de la « nourriture musicale un peu partout, qui mange à tous les râteliers je dirais » (rire). Il y a eu aussi une grande évolution dans mon travail. Au début je suis partie avec le premier EP Le Pêcheur qui était assez calme parce qu’il a été écrit pendant le confinement. C’est quelque chose que j’avais fait pour moi, c’était un peu intime vu que mon projet n’avait pas vocation à être professionnel à la base. Pour le second projet, il y a eu le premier déconfinement, j’ai créé quelque chose de plus dansant. Pour le troisième, je suis partie dans une direction encore plus électro, en fonction des influences et des personnes que j’avais rencontrées,
Aujourd’hui je définis mon set comme électroclash et ça me représente bien parce que c’est de l’électro synth avec des notes technos. En même temps il y a un peu de pause disco, parfois de la cold wave. C’est un style qui réunit un peu tout, donc ça m’arrange bien. Aujourd’hui je dis électroclash pour que ce soit clair. On m’annonçait comme pop mais au final quand les gens arrivent en concert, ils sont assez surpris alors je dis électroclash maintenant.
AAS : Tu chantes en russe, en français pourquoi ce choix ?
CITRON SUCRÉ : Je suis née en Russie d’une mère sibérienne et d’un père ukrainien. J’ai grandi en France, je suis arrivée quand j’étais enfant. J’ai passé plus de temps en France mais j’ai quand même mes racines slaves. Ma mère a toujours parlé le yakoute, un dialecte sibérien. La soif d’amour, je l’ouvre avec ce dialecte là.
AAS : J’ai pu découvrir ton projet au Ninkasi à Lyon. Beaucoup d’originalité dans le contenu artistique et visuel. On sent cette soif de création chez toi, je me trompe ?
CITRON SUCRÉ : Non, c’est tout à fait ça. J’avais envie de créer depuis longtemps mais je ne le faisais pas pour diverses raisons. Quand j’en ai eu l’occasion et le temps, ça a explosé. Je ne me suis donc pas arrêtée depuis 2 ans, depuis que j’ai commencé ce projet. Je suis très soutenue sur la scène lyonnaise et je remercie d’ailleurs toutes les personnes qui m’ont fait confiance. Le Ninkasi Musik Lab (pépinière de talents régionaux) m’a donné l’opportunité de faire un projet à part : une création collective immersive, imaginée avec le chorégraphe Kenan Philbert-Zehani et l’artiste visuel Yannick Wsk. C’était une très belle collaboration, un beau projet avec beaucoup de monde, même si les délais étaient courts. Nous avons tout créé, des costumes au jeu théâtral.
AAS : Tu es seule sur scène pour le moment. Envisages-tu de t’entourer de musiciens pour faire évoluer ton projet ?
CITRON SUCRÉ : Oui ! Ça ne fait pas longtemps que je suis seule sur scène. D’habitude je suis entourée par un danseur. Au début j’ai commencé à travailler avec un guitariste. Pour le moment j’ai envie de rester un peu seule sur scène, pour me recentrer, car mon projet évolue beaucoup. Quand je le sentirai, j’aimerai bien prendre un batteur. On verra comment les choses évoluent.
AAS : J’ai vu aussi que tu étais une femme très engagée. Tu as co-fondé il y a quelques années La Pradelle, un sélect store de produits végan, bio éthiques, respectueux des animaux. Où en es-tu dans ce projet ?
CITRON SUCRÉ : Je continue, mais à mon échelle, ce sont des choix personnels. Je suis quelqu’un de très préoccupée par l’écologie comme beaucoup de jeunes aujourd’hui mais aussi par la cause animale. C’est quelque chose qui me tient beaucoup à cœur, qui me définit, mais que je ne mets pas en avant dans mes projets.
AAS : Le dernier son que tu as écouté et que tu voudrais nous faire partager ?
CITRON SUCRÉ : C’est Harmo Draüs, une amie qui est de Caen, elle est en train de sortir un EP qui est super.
Citron Sucré en concert samedi 11 février au Toi Toi le Zinc de Villeurbanne