Interview
du mois

JUSTE SHANI

Animée par son besoin de faire de la musique, Juste Shani s’impose sur scène et alterne textes engagés et instrumentales dansantes. Rencontre avec l’artiste au Festival Les Paradis Artificiels à Lille vendredi 2 juin.

AAS : Bonjour Juste Shani. Peux-tu te présenter ?

JUSTE SHANI : Je m’appelle Juste Shani, je suis artiste rappeuse. Sur scène et dans mes sons, on retrouve un univers assez trap banger et parfois de la mélodie, comme sur mon morceau Dimelo, par exemple. J’écris aussi parfois des textes assez engagés comme Bonne fête. En gros, je fais danser sur de bonnes paroles.

AAS : Quel est ton parcours dans la musique pour l’instant ?

JUSTE SHANI : Cela fait quatre ans que je suis dans la musique et que j’ai envie de me professionnaliser. J’allais dans des open mic à Paris, j’ai fait quelques battles, et c’est ainsi que je me suis lancée dans le rap. C’est sur le terrain que j’ai eu les premières opportunités, on m’a proposé des concerts, des passages en web radio. J’ai ensuite fait beaucoup de tremplins. C’est vraiment quelque chose que je recommande aux artistes qui veulent se lancer. C’est avec des tremplins comme Giveme5, Buzz Booster, Radar, Radar, Rappeuses en Liberté que j’ai commencé à rencontrer un entourage professionnel et que j’ai pu me structurer. 

AAS : Est-ce ton premier métier ou es-tu passée par autre chose avant ?

JUSTE SHANI : En fait la musique c’est ma passion, mais à la base j’ai fait des études de commerce. C’est seulement depuis janvier 2023 que je fais que de la musique. Auparavant, j’étais directrice marketing dans une start-up.

AAS : Qu’est ce qui t’a fait complètement changer de projet ?

JUSTE SHANI : Je n’avais pas le choix en fait. La seule chose que je voulais faire et qui me faisait vibrer comme ça, c’était la musique. Disons que la période où j’ai travaillé, c’était une parenthèse pour voir un peu de quoi j’étais capable après mes études, et pour avoir une certaine stabilité financière. Cela a duré environ trois ans, et durant cette période je faisais déjà de la musique à côté, mais c’était dur de tenir les deux. D’ailleurs, j’ai un son qui s’appelle Hannah Montana, qui explique cette période où le matin j’étais au travail, à midi j’étais en interview, l’après-midi j’étais de nouveau au travail et le soir j’allais en studio, c’était intenable. Je suis finalement arrivée au bout et je me suis dit que c’était bon, je ne pouvais plus continuer à faire les deux à moitié. 

AAS : Comment est-ce que tu travailles, écris, composes ?

JUSTE SHANI : C’est très irrégulier, j’ai des phases assez productives, j’écris à la maison.  Soit on m’envoie des prods, soit je trouve des idées d’instrus sur Youtube et après je vais en studio. Parfois j’ai des idées vraiment très précises, comme pour le morceau Bonne fête par exemple. J’en ai eu marre que tous les 8 mars on me dise : « Bonne fête de la femme », j’ai donc voulu écrire un morceau sur ça. Le morceau Dimélo, à la base, c’était un concours de freestyles sur Insta : « Je rappe sur vos mots, imposez moi 10 mots ». J’ai donc vraiment beaucoup de façons de travailler différentes, je n’ai pas vraiment de routine.

AAS : Tu as participé au week-end international antifasciste à Montreuil cette année, en 2021 tu étais au Lyon Antifa Fest, tu soutiens aussi la Pride des banlieues, en quoi c’est important pour toi ?

JUSTE SHANI : Ce sont des événements qui partagent des valeurs que j’ai aussi. Pour moi ça passe par la musique, mais le message que je porte, c’est vraiment la liberté d’être qui on est, et mon idéal ce serait que chacun puisse juste être qui il est librement. Tous ces mouvements-là défendent les mêmes valeurs, donc ça a du sens. Du coup, quand je vais à ces événements, je rencontre aussi un public à qui mes paroles parlent.

AAS : Dans ton morceau Bonne fête, tu évoques des sujets engagés parfois très lourds, comme les excisions ou les féminicides, est-ce qu’il y a une volonté de rendre le rap « utile » ?

JUSTE SHANI : Oui, pour moi il faut que ça soit utile. Mon but avec ma musique, c’est de participer à ce que les gens aillent mieux, donc soit ça passe par le divertissement avec des morceaux plus bangers pour danser, soit ça passe par des messages. 

©Maxime Pignol

AAS : Récemment le sujet de la santé mentale a été très évoqué dans le milieu musical. Il y a quelques mois, tu as sorti la série “Psy, en trois épisodes sur Youtube, quel est ton but lorsque tu décides de te livrer complètement sur ce sujet, en tout début de carrière notamment ?

JUSTE SHANI : Oui, c’est bizarre (rires). Le but était vraiment de faire du storytelling. On avait un projet avec le producteur avec lequel je travaillais. On avait eu cette idée de : « il fallait que je raconte mon histoire », et en partant de ça, j’ai divagué et je me suis dit que ce serait trop drôle de me parler à moi-même. Au début, on avait hésité avec un chien (rires) ou même un rappeur dont je suis assez proche. Mais le but à la base, c’était vraiment du storytelling, pour que les gens qui embarquent dans l’aventure à ce moment-là connaissent déjà mon parcours. Même si c’était le début de ma carrière, il s’est déjà passé beaucoup de choses avant. J’avais envie que les gens sachent d’où je venais. 

AAS : Quelle est la suite pour toi ?

JUSTE SHANI :
Cette année, je vais sortir beaucoup de singles, c’est super important pour moi, parce que depuis que je suis dans le rap, j’ai sorti très peu de sons. J’ai sorti que trois ou quatre singles parce que j’avais beaucoup de galères avec des labels qui m’ont longtemps bloquée. Actuellement , je suis en autoproduction, donc enfin libre de sortir ma musique. J’ai prévu de sortir un single par mois jusqu’à la fin de l’année et un EP début 2024. 

AAS : Est-ce que tu aurais des noms d’artistes à suivre ? 

JUSTE SHANI: Carrément, allez écouter Nanor, Maey, ce sont les deux lauréates de Rappeuses en liberté, le dernier tremplin que j’ai fait. N’hésitez pas à aller voir aussi le dispositif Rappeuses en liberté justement, il y a dix rappeuses avec qui j’étais en formation pendant plusieurs mois l’été dernier qui sont toutes très fortes. Et il y a aussi les rappeurs du tremplin Giveme5 : Oley, D14, Base, LKM. 

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