AAS : Bonjour Pierre, la dernière fois que nous avons échangé, c’était au moment de la sortie de ton premier EP. Tu étais déjà à l’écriture de ton futur album, tu habitais chez tes parents dans la campagne belge, tu multipliais les allers-retours à Paris, c’était en mars 2022. CF ( artisteasuivre.fr/pierre-de-maere). Tu as depuis connu une ascension fulgurante. Comment as-tu vécu tout ça ?
PIERRE DE MAERE : C’était une année assez intense en réalité, de janvier 2022 à maintenant. C’était l’année des premières fois, des premières promos télé en direct, des premiers concerts. Cela a commencé en janvier 2022 à l’Hyper-Weekend Festival avec Didier Varrod. Il y a eu ensuite la Cigale en mai, c’était mon 5ème concert. Tout s’est ensuite enchaîné très vite. Je me suis parfois senti un peu jeté dans la gueule du loup sans être forcément préparé, mais c’est ça qui a fait que j’ai avancé et progressé plus vite que j’aurais pu le penser. Je t’avoue que c’était à la fois effrayant et excitant. J’ai adoré, c’était la plus belle année de ma vie. Il y a eu aussi la préparation de cet album avec l’écriture de 12 titres. Rien n’existait à ce moment-là.
AAS : Regarde-moi est sorti vendredi 27 janvier (2023), tes premiers mots sur cet album ?
PIERRE DE MAERE : Concernant le titre de cet album, c’est un Regarde-moi que j’imagine comme un Regarde-moi d’amour, ce n’est pas un regard narcissique. Ce n’est pas un Regarde-moi je suis beau, c’est Regarde-moi et trouve la beauté qui est en moi. C’est une espèce de cri du cœur, d’appel à l’aide d’un humain, mais surtout d’un artiste qui a besoin d’être reconnu. Pas par la foule, mais par une personne, deux yeux qui lui diront qu’il vaut la peine d’exister et d’être là.
Je me suis aussi inspiré d’une icône, d’une femme qui m’est chère : Lady Gaga. Elle raconte en interview qu’à ses débuts, lorsqu’elle n’était que Stéphanie, elle chantait sans ses parures, sans ses perruques, dans des bars et elle s’est dit un beau jour : « il n’y a personne qui me regarde ». Elle en a eu marre et s’est mise toute nue. Je trouvais ça marrant, car tout le monde la regardait ensuite. J’aime bien l’anecdote et je la trouve intéressante. Il y a ce passage dans le titre Regardes-moi qui fait « Ce soir je fais des bêtises, j’m’arrache à coup de tise, la foule adore ma triste comédie, ce soir ». Je pense à elle et à tous les artistes qui sont prêts à faire tout et n’importe quoi, et j’en fais partie, pour être vus. Ça devient pathétique. C’est un morceau dramatique, comme l’album qui l’est aussi. Il est épique, il est romantique cet album… tout en « ic », (rires) il est tout ça à la fois. J’explore les excès à chaque fois.
AAS : Ton album est composé de 12 titres éclectiques aux sonorités différentes. « Les animaux » par exemple est très électro, très dansant ?
PIERRE DE MAERE : Oui, je suis d’accord avec toi. J’ai eu une envie de cohérence aussi, mais en même temps c’est un premier album et je me suis dit que si sur le premier je n’explore pas plusieurs directions, je ne le ferai jamais. C’était l’occasion de me dire : on n’en n’est pas à l’album concept, faisons-nous plaisir. Je n’ai pas pensé album quand je l’ai écrit, j’ai pensé titre par titre. Je me suis dit : je vais enchainer les singles et voir ce qu’il se passe. J’ai exploré des versions différentes. C’est comme cela que l’on s’est retrouvé avec une ballade un peu niaise comme « J-3 », un binger club comme « Les Animaux » qui fait beaucoup de bien en concert.
AAS : Quel est le titre qui t’a demandé le plus de travail sur cet album ?
PIERRE DE MAERE : C’est mon introduction « Les oiseaux » qui m’a pris 8 mois, car je n’arrivais pas à trouver les bons arrangements pour qu’il sonne, et c’est marrant car ce n’est pas le plus réussi, ni le mieux mixé. Le texte m’a aussi pris beaucoup de temps, mais j’en suis très fier, c’est l’un de mes plus beaux textes.
AAS : Et la chanson dont tu es le plus fier ?
PIERRE DE MAERE : Il y en a trois. « Enfant de » : j’adore ce que me procure ce titre, je ne m’en lasse pas. « Bel ami » : j’en suis hyper content, je trouve que cette chanson sonne bien dans les oreilles, tout est limpide. J’aime bien la prod. Et « J’aime ta violence » : pour la beauté du texte, des mélodies, l’ambiance. J’aime bien quand sur l’album, plus que sur l’EP, je parviens à créer des ambiances cinématographiques. « J’aime ta violence » fait partie des titres qui nous plongent dans une ambiance sombre, sinistre, un peu Gotham City, mais dramatique comme j’aime. Je suis comme ça, j’aime bien quand je raconte des histoires, j’aime bien faire des drames et les exagérer, surtout qu’il y a toujours un tiers qui est faux ! Et sur l’album, quand je parle d’amour, ce n’est pas l’amour, c’est l’amour à mort et c’est ça qui m’intéresse.
AAS : Cet album a été réalisé avec ton frère Xavier qui est là depuis les débuts à tes côtés. J’ai eu l’impression que la dernière ligne droite était très intense. Comment se passe votre collaboration ?
PIERRE DE MAERE : C’est une chance, une bénédiction de travailler avec mon frère. Il ne compte pas ses heures et il est autant investi dans le projet que moi. Ce n’est pas que mon projet, c’est le nôtre. Si j’avais travaillé avec n’importe quel ingé son payé à l’heure, passé 22h il m’aurait dit : « Pierre tu es gentil, mais je vais dormir, je rentre », et c’est normal. Avec Xavier on a pu prendre le temps pour travailler, faire des nuits blanches pour parvenir à être dans les temps et rendre quelque chose qui nous plaisait. Ce qui est beau, c’est que l’on travaille en confiance, dans des dispositions qui sont saines. Il n’a pas besoin de prendre des pincettes pour me parler, il n’est pas hypocrite. En même temps c’est normal, c’est mon frère. C’est une chance inouïe et on va dans la même direction, on sait ce que l’on veut. Nous avons beaucoup de goûts en commun, on ne perd pas de temps. Il peut y avoir des moments de frictions parfois, mais ils sont très rares par rapport à ce que l’on peut imaginer. On a bossé 24 heures sur 24 en studio pendant trois mois, on aurait pu devenir fous… mais ça n’a pas été le cas.
AAS : Il y a quelques jours, tu as proposé aux personnes qui précommandaient ton album de recevoir en plus la notice d’utilisation. C’est très original comme concept. Comment cette idée t’est-elle venue ?
PIERRE DE MAERE : Avec mon frère, quand on mixe nos morceaux, on les écoute sur différents supports. D’abord sur un petit « Bose », dans les Airpods, dans les casques. Et puis un jour on s’est retrouvé dans la voiture, il pleuvait, on roulait. J’écoute l’intro « Les Oiseaux », et j’ai trouvé que ça ne rendait pas si mal en voiture, j’ai adoré l’ambiance. Je me suis dit, il faut absolument que j’écrive des recommandations pour rendre justice au titre de l’album et c’est parti de cette blague. La notice n’a rien de concret mais si on suit les étapes, on peut profiter de l’album encore un petit peu plus.
AAS : A l’été 2023 tu fais partie du casting des plus gros festivals, tu vas passer dans une autre dimension ?
PIERRE DE MAERE : Oui ça va être génial ! Il y a les Vieilles Charrues que j’attends avec impatience. Mais pour tout te dire, ce n’est pas parce que c’est la Bretagne, mais le meilleur concert que j’ai fait dans ma courte vie d’artiste c’était à Poligné, dans un festival qui s’appelle On lâche rien sauf les chiens. C’était dans un jardin, les gens étaient fous, c’était hyper festif. J’ai été reçu par un programmateur adorable. Ça fait partie de mes meilleures dates avec Boulogne-sur-Mer. Le Trianon c’était chouette aussi. J’ai d’autres dates qui arrivent : les Francos de la Rochelle, Les Francos de Montréal, les Francofolies de la Réunion, Le Printemps de Bourges, plein de concerts, j’ai trop hâte !
AAS : Un artiste avec qui tu aimerais bien collaborer ?
PIERRE DE MAERE : Il y en a trois en France qui me vendent du rêve pour une collab : j’adore Yelle, Arthur de Feu! Chatterton et j’adore aussi Disiz. Une collaboration avec ces trois artistes me ferait plaisir, c’est plutôt chic, ce sont des ovnis pour moi, donc ce serait merveilleux !
AAS : Tu te vois comment dans 5 ans ?
PIERRE DE MAERE : J’aurai 26 ans, je serai en tournée pour le deuxième album. J’ai envie de me dire Olympia cette année, ensuite un Zénith et dans 5 ans on se tente un Bercy et là j’aurais tout fait !