TOMASI

TOMASI- CELUI QUI FAIT TOUT POUR LES AUTRES

Écrire sur Tomasi, c’est un peu comme faire une déclaration à son meilleur pote.

Un ancien ado branleur, personnage central d’un péril jeune aujourd’hui abouti.

Tomasi c’est le collectif, une bande de copains, les autres… Et celui qui fait tout pour eux.

Si on ne le connaît pas, la galette est complète. Auteur, compositeur, producteur auprès de Yoa, Claude, Pépite, Ojos, ou plus récemment Johnny Jane. Mais aussi aux commandes de ses deux EPs dont le très réussi Adolescent Fluorescent sorti il y a deux ans. Et bien sûr, on l’apprendra à ses dépens, roi du déménagement {rires enregistrés}.

Désiré, doué comme un joueur du PSG, Tomasi entre aujourd’hui directement en ligue 1 avec son premier album, l’imparable CELUI QUI FAIT TOUT POUR LES AUTRES. Une sitcom musicale sans filtres, drôle, sincère et touchante. Quelque part entre réalité et fiction, ça se binge tout seul.

Produit aux côtés des très talentueuses Elodie Charmensat (moitié d’Ojos) et Iliona, l’album oscille entre rap, rock et pop. Des nappes électroniques légères, quelques beats, des ruptures bien senties. Mais aussi des guitares, des synthés qui viennent colorer l’ensemble d’une véritable proposition artistique où la vulnérabilité devient une force.

Et dans tout ça, il y a son franc parler, ses punchlines. Un peu comme si la rhétorique de Mercredi Addams s’était ouverte aux émotions. Sa voix n’est pas celle qui cherche à dominer, mais à se confier. Elle crée une intimité rare, le partage d’une conversation intérieure avec l’artiste.

Toujours en retrait, à observer, envier peut-être, comme en témoigne la pochette de l’album, Tomasi assume ce statut de grand enfant qui cherche sa place dans un monde d’adultes.

Au fil de ses confidences, on accepte avec lui de ralentir le temps, de douter, de sourire parfois de nos propres maladresses.

Des scènes de vie diluées en quatre séquences, des titres explicites comme cette ouverture Sitcom (on ne peut pas plaire à personne). Le ton est lancé, le concept de l’album aussi. Une comédie de situation où s’enchaînent chansons et interludes façon “Friends”, qui l’air de rien en disent long sur son tempérament.

D’abord une INTRO qui explore sa propre théorie du big bang, l’évolution de son univers.

Quitte à grandir, Tomasi cherche à ressentir la douleur plutôt que le vide face à un monde désabusé (Fais-moi plaisir et pète-moi la gueule). Une narration frontale qui dépasse la confession personnelle pour toucher des situations universelles.

©Nicolas Garrier-Giraudeau

Puis vient la mise à nu dans Celui qui fait tout pour les autres. Portrait intime dévoilant la force d’un personnage qui s’émancipe, coincé entre prise de conscience et de confiance.

Alors que la tension instrumentale monte pour accompagner l’accumulation d’efforts et de rancœurs, l’onglet défile vers la deuxième séquence.

L’intitulé RUPTURE annonce un épisode plus sur la corde raide. On aurait pu le rebaptiser “Jtm encore”, tant on a le cœur qui larsen en l’écoutant. Malheureusement le constat est là. D’abord avec le très beau Est-ce qu’on va droit dans le mur, où la voix de Yoa en filigrane touche là où ça fait mal.

Puis vient la nostalgie avec le plus rythmé, Mythique. Perso j’aurais adoré vous voir danser sur Come as you are… Enfin la rédemption, le sarcasme, la douleur sur une version plus organique de Désolé mon cœur, une Part.2 qui résonne comme un écho au loin.

Comment Tomasi en est arrivé là ?

Quelques clés sont données dans la troisième séquence FLASHBACK. Un spin off plus positif qui s’ouvre avec l’addictif Olympia. Peut-être une de mes préférées de l’album. Mais juste parce que je suis très jaloux que tu ais réussi à faire rimer “scène” et “viens on kenne” avec “Citroën” {Applauses}. J‘ai failli changer de voiture.

Puis de nouveau le temps des copains et des (mes)aventures avec le tubesque Chien de la casse en feat avec Elodie Charmensat. On y retrouve tout le second degré de Tomasi accompagné du charme et de l’authenticité de son amie. Un morceau calibré pour ces deux bêtes de scène.

Les confessions sur le divan s’enchaînent avec Je ne sais que tricher et Rassure-moi. Analyse personnelle, blessures, ironie, Mensonges, comme pour dire à sa psy d’aller se faire voir. Car au fond le problème, il le connaît.

Les souvenirs de Tomasi s’achèvent sur le poignant Il n’y a que toi (qui t’intéresse). Comme si son propre reflet lui parlait sur une boucle mélodique créant une sorte d’obsession. La peur d’un amour… Avec lui-même ? Lui sait. Une confession qui finit par un cri du cœur étouffé sous l’oreiller. Un besoin de délivrance pour mieux appréhender l’après.

ET MAINTENANT ? Et si après la pause, la suite ressemblait à Un conte de fée ?

Tomasi entre en scène, jamais sûr de lui mais avec l’envie d’y arriver.Comment ? A la troisième personne pour mieux se cacher derrière ses failles ou en n’ayant plus peur d’aller de l’avant et de voir grand, comme les enfants.

« L’homme descend du singe, Tomasi est un homme, Tomasi ne descend pas du panier de basket ». Un sophisme qui a valu un avertissement à Romain Duris dans le film de Cédric Klapisch en 94. Aujourd’hui, Tomasi ne mériterait aucun blâme mais bel et bien de rester en haut du panier. Car derrière des mots simples, il y a une vérité qui touche. Tout simplement parce qu’elle nous ressemble.

Et fin de soirée oblige, à l’heure où les sentiments sont décuplés, on a envie de passer notre bras sur son épaule et de lui dire tout le bien qu’on pense de lui.

Et moi, je te l’dis quand même {notes de piano 90’s}…  Ton album, jlm.

En concert le 19/11/2025 @Festival Avec la langue / 2/04/2026 @La Boule Noire

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