Interview
du mois

MALVINA

Malvina fait office d’exception dans l’industrie musicale : artiste touche à tout formée au conservatoire, elle maîtrise toutes les facettes de son art, et bénéficie d’une belle renommée dans les domaines de la musique de films et expérimentale. Après des concerts très remarqués au Mama Festival à Paris ou à Bars en Trans à Rennes en 2023, Malvina se produisait au Bise de Nantes en janvier dernier. L’occasion de rencontrer cette artiste exceptionnelle qui n’a pas fini de bousculer la scène musicale actuelle !

AAS : Bonjour Malvina. Tu es une artiste complète : cheffe d’orchestre, compositrice, productrice, chanteuse, pole dancer. Tu viens du classique et tu as déjà sorti deux albums, deux EPs. Ton label Pop Noire dit à ton sujet que tu es sur le point d’un changement massif pour une nouvelle ère. Peux-tu nous en dire plus sur ce changement ?

MALVINA : J’avais envie de prendre un autre tournant dans ma musique et dans ma vie privée. J’ai pris un gros virage, et j’ai donc écrit une nouvelle musique. J’ai aussi changé mon nom de projet. Avant je m’appelais Malvina Meinier, qui est mon patronyme que j’ai abandonné pour devenir juste Malvina. C’était l’occasion de repartir à zéro. Ça me tenait à cœur de mettre tout ce que j’avais fait avant dans un coin de mon passé. J’ai vraiment le sentiment de ne plus du tout être la même personne qu’avant. C’était important pour moi de dissocier les deux projets. 

AAS : Sur Instagram, ton nom est Malvina.mrcds, cela a-t-il une signification particulière ?

MALVINA : Dans l’idée de partir sur une musique plus pop, je trouvais que d’avoir juste mon prénom ça « popifiait » un peu le projet ! Le mrcds sur instagram fait référence à Mercedes, mon deuxième prénom, que je tiens de mon arrière-arrière-grand-mère maternelle. Ce sera le nom de mon prochain album. 

AAS : Je t’ai découverte sur la scène de la Machine du Moulin Rouge au Mama Festival en octobre dernier avec le titre « Brat ». Je me suis prise une belle claque ! Dans un article justement, tu dis à propos de ton show : « Je voulais que les gens s’en prennent plein la gueule et qu’ils se rendent compte de mes capacités en trois minutes ». Alors c’est gagné ou pas ?

MALVINA : J’espère ! Je ne peux pas parler à la place des gens mais c’est vrai que globalement, j’ai l’impression que les gens se sont pris une petite claque (rires). Ce n’est pas moi qui parle c’est juste ce que l’on m’a dit. Certains sont venus me voir et ça a fait un gros déclic pour pas mal de gens ce morceau. C’est la première fois, je crois, qu’on me dit : « Waouh ce titre, je l’écoute plusieurs fois par jour ». 

MALVINA : Tes projets sont très différents à chaque fois. A quoi faut-il s’attendre pour ton prochain album, Mercedes, prévu au printemps ?

AAS : Il sera dans le même esprit que « Brat » ou « Forever », qui sont les deux singles que j’ai sortis jusque-là et qui font partie de l’album. L’idée c’était de faire un album hyper déjanté et fun, et de partir dans un truc le plus taré possible ! J’explore un peu tous les styles. Je n’arrivais pas à choisir un style musical en particulier. Je voulais m’inspirer un peu de tout ce que j’avais pu écouter en tant qu’ado et le revisiter un peu à ma sauce, mais toujours d’une façon très très fun. Je voulais aussi explorer tous les clichés de tous les styles musicaux et les pousser au maximum. L’album est très dense, très intense.

AAS : «Forever » c’est un hymne à l’amitié, à l’empathie. Tu as chanté ce titre à Rennes à Bars en Trans avec beaucoup d’émotion. Il y avait une jeune femme devant la scène avec qui tu as partagé cette chanson. Un moment assez fort de la soirée, tu nous racontes ? 

MALVINA : Ce morceau je l’ai écrit pour ma meilleure amie d’enfance qui s’appelle Élise et qui est rennaise. C’est vrai que j’ai écrit plus globalement sur l’amitié et l’empathie. Je suis arrivée à un point de ma vie où j’ai atteint une certaine stabilité émotionnelle qui me permet d’être une épaule pour les autres. Le morceau parle de ça. C’était assez émouvant parce quand je l’ai joué à Rennes, elle était dans le public, devant. Du coup, je lui ai chanté le morceau à elle directement. Je savais qu’à ce moment-là elle avait besoin de moi, c’était d’autant plus touchant de lui chanter ça et de lui dire les mots sur scène. J’avoue que ça m’a un peu bouleversée, j’ai versé ma petite larme ! Je n’arrivais plus à chanter.

AAS : Dans un article du webzine Skriber, qui date de 2020, il est dit à ton sujet : « Malvina Meinier est une artiste parce qu’elle est visionnaire. Très tôt, elle comprend la nécessité de la prise de risque ». Tu en penses quoi ? 

MALVINA : Visionnaire ? Je ne sais pas si je peux dire ça (rires), mais la prise de risque, oui ! J’ai besoin de me challenger en permanence, d’aller dans des endroits inexplorés, de me tester. J’ai besoin de voir jusqu’où je peux aller. Et en général, je suis très monomaniaque : quand j’ai un truc dans le viseur, j’y vais au maximum. J’essaie d’aller jusqu’au bout du délire, aussi bien dans la vie de tous les jours que dans ma vie d’artiste. 

AAS : Justement, je voulais parler de ta performance sur scène. Ton live est incroyable ! Tu sembles avoir une facilité à appréhender la scène ?

AAS : Je fais des concerts depuis assez longtemps. Le plus gros déclic au niveau de la scène a été de partir en tournée en tant que musicienne de Jehnny Beth. J’ai eu la chance de pouvoir l’accompagner pendant presque deux ans. Pour moi ça a été une masterclass, j’ai pu l’observer. Elle travaille énormément ses concerts, même en dehors de la scène. Au fur et à mesure de la tournée, elle me laissait une place un peu plus importante à chaque fois. Jusqu’aux dernières dates où elle m’a invitée à chanter mon morceau « Brat » sur scène avec elle. Pour moi, c’était comme aller dans la meilleure école pour gérer une grande scène et gérer un gros public. On a joué en première partie de Dépêche Mode au stade de France notamment, devant 80 000 personnes. Ça m’a foutu un gros coup de pied au cul pour gérer ce genre de moment ! Je pense que c’est grâce à ça que j’arrive à un peu mieux à appréhender la scène, car ce n’était pas forcément le cas avant.

AAS : Tu disais tout à l’heure que tu étais une challengeuse. On ressent cette niak chez toi, cette envie de tout donner à chaque fois. La pole dance que tu pratiques a-t-elle contribué à te transformer scéniquement ?

MALVINA : Carrément, je suis très énervée (rires) mais dans le bon sens du terme. La niak, elle est là mais c’est vrai que la pole dance demande une énorme exigence physique, parce que c’est un sport qui est très violent pour les muscles et pour le corps, où tu te blesses en permanence. C’est très intense et ça demande beaucoup de rigueur ; c’est ce que j’apprécie dans ce sport. Il faut être très assidu, et ne jamais s’arrêter. En dehors de la pole dance, je fais aussi de la musculation pour pouvoir préparer les moments où je fais de la pole car il faut toujours être au top de sa forme. Je n’avais jamais fait de sport ou de danse avant. Et c’est vrai que cette pratique, m’a aussi transformée scéniquement. Maintenant, j’ai beaucoup plus conscience de mon propre corps et de ma présence sur la scène. C’est la pole dance qui m’a aidée à tout ça.

AAS : Ça aide aussi pour la confiance en soi ?

MALVINA : Oui, bien évidemment, même si je n’en ai jamais manqué. En fait, la vision que l’on a de soi sur scène est très différente de la vision que les gens ont de toi. Pendant la tournée de Jehnny Beth, j’étais beaucoup filmée et ça m’a fait un bien fou. Je voyais toutes ces stories sur les réseaux où je me voyais bouger. C’était bien car je n’étais pas l’artiste principale donc je pouvais me permettre des choses. Tous les yeux n’étaient pas forcément braqués sur moi, j’avais moins la pression. Je pouvais m’observer et me regarder de l’extérieur. La pole dance m’a aussi aidée en ce sens.

AAS : 1 ou 2 artistes à suivre ?

L’artiste dont je suis absolument fan et que j’ai invitée à faire ma première partie à la Boule Noire, c’est MAÏCEE. C’est une meuf que j’adore, qui est en plein développement, et vraiment j’invite à aller checker son projet parce que c’est monstrueux !
Sinon, j’ai découvert, il n’y a pas longtemps, une fille qui s’appelle UNDERSCORES. J’écoute son dernier album en boucle depuis trois semaines !

Retrouvez Malvina sur la scène du Point-Ephémère à Paris le 15 mai 2024.

Composed, Written and Produced by MALVINA and Joachim Baumerder

Merci à Lili, @sarah @stephanie / Team Artisteasuivre

Partager

Vous aimerez aussi
error: Ce contenu est protégé